Des données sur l'emploi aux États-Unis publiées jeudi ont fait apparaître une tendance mitigée, mais la situation à long terme reste bonne comme devraient le confirmer les chiffres pour juin qui seront publiés vendredi.

Les demandes hebdomadaires d'allocations chômage aux États-Unis ont ainsi progressé davantage que ne s'y attendaient les analystes, selon les données du département du travail.

En données corrigées des variations saisonnières, le ministère a recensé 231 000 demandes d'allocations chômage pour la semaine close le 30 juin, soit une hausse de 3000 par rapport à la semaine précédente sur une base révisée (228 000 au lieu de 227 000).

Les analystes prévoyaient une très légère baisse à 225 000.

La moyenne des inscriptions hebdomadaires au chômage sur quatre semaines s'est établie à 224 500, soit une progression de 2250 par rapport à la même période la semaine précédente.

Sur un an, les demandes d'allocations chômage sont en baisse de 8%.

Par ailleurs, l'enquête mensuelle du cabinet ADP sur les embauches dans le secteur privé, également publiée jeudi, a fait apparaître une légère baisse en juin par rapport à mai à 177 000 contre 189 000 (chiffre révisé en hausse par rapport aux 178 000 annoncés initialement).

Les analystes s'attendaient, eux, à 180 000 embauches dans le secteur privé.

«Le marché du travail continue de se diriger vers le plein-emploi», a affirmé Ahu Yildirmaz, vice-président du département recherche d'ADP. «Le secteur de la santé a mené la danse et le commerce a bien rebondi», a-t-il constaté.

Pour Mark Zandi, l'économiste en chef de Moody's Analytics, qui compile les données pour l'enquête d'ADP, «le problème numéro 1 des entreprises est de trouver des emplois qualifiés. Si le rythme actuel de la croissance des emplois se maintient, ce problème va s'aggraver et les pénuries d'emplois vont s'accroître dans tous les secteurs et pour les entreprises de toute taille».

C'est toujours, de loin, le secteur des services qui a largement embauché dans le privé en juin avec 148 000 nouvelles créations de postes, le secteur de production de biens en ayant créé 29 000, dont 12 000 dans le secteur manufacturier. Le solde est celui des emplois «franchisés» à 13 800.

Par taille d'entreprise, les entreprises de taille moyenne (jusqu'à 500 employés) ont engagé 80 000 personnes, les grandes sociétés (500 salariés et plus) 69 000 et les petites entreprises (jusqu'à 50 employés) 29 000.

Ces chiffres sont annoncés alors que vont être publiés vendredi les chiffres du chômage aux États-Unis pour le mois de juin. Les analystes tablent sur un maintien du taux de chômage à 3,8% avec une progression de 0,3% du salaire horaire.

Licenciements en hausse

Ian Shepherdson, de Pantheon Economics, souligne que le chiffre des demandes hebdomadaires est le plus élevé depuis six semaines, mais que cette hausse «ne doit pas susciter d'inquiétudes», car les «chiffres saisonniers ne sont pas fiables et que la tendance à long terme reste inchangée avec une baisse de l'ordre de 8%».

Il a toutefois indiqué que la hausse des demandes devrait se poursuivre pour la semaine en cours en raison du jour férié du 4 juillet et atteindre quelque 250 000 demandes avant de retomber autour de 220 000 dans les semaines suivantes.

Les analystes de Barclays ont constaté que «les demandes hebdomadaires ont augmenté récemment après s'être situées autour de 220 000 entre la fin avril et la mi-juin. Se demander si cela peut-être attribué aux politiques commerciales protectionnistes est encore prématuré», ont-ils toutefois ajouté.

Les mesures protectionnistes prises par l'administration Trump se font déjà ressentir sur certains secteurs touchés par la hausse des prix des matières premières ou les mesures de rétorsion prises par les partenaires commerciaux des États-Unis.

Une troisième enquête publiée jeudi, celle du nombre de licenciements, réalisée par le cabinet Challenger, Gray and Christmas et portant sur le mois de juin, fait apparaître un chiffre en hausse à 37 202 pour 31 517 en mai et une progression de 19,6% sur un an.

Selon RDQ Economics, «les annonces de licenciements sur le premier semestre sont de 8% supérieures à ce qu'elles étaient sur la même période l'an passé et le chiffre de juin est près de 20% supérieur à celui du même mois l'an dernier, mais les suppressions d'emplois restent faibles dans une perspective historique».