Le département du Trésor américain prépare un plan pour limiter très fortement les investissements chinois dans les technologies pouvant menacer la sécurité économique et nationale des États-Unis, a révélé lundi l'agence Bloomberg, tandis que Pékin appelait Washington à faire preuve d'«objectivité» dans ce dossier.

Ouvrant un nouveau front dans la guerre commerciale entre les deux géants, la Maison-Blanche prévoit, selon plusieurs sources internes connues de Bloomberg, des mesures permettant de considérer toute prise de participation chinoise dans des entreprises américaines du secteur des technologies, notamment dans les véhicules électriques, la robotique ou l'aérospatial, comme des menaces pour la sécurité du pays.

Cette loi à caractère urgent devrait être dévoilée vendredi dans un rapport du secrétaire américain au Trésor Steven Mnuchin, qui préconisera son application par un panel intergouvernemental réparti en deux comités sur les investissements étrangers aux États-Unis.

L'un des deux se consacrerait spécifiquement à la Chine.

Steven Mnuchin travaillerait sur ce plan depuis décembre. D'après les sources de Bloomberg, après avoir envisagé une approche moins conflictuelle, plusieurs membres de l'administration et le président Donald Trump l'ont finalement persuadé d'avoir recours à des outils offensifs.

Certains hauts fonctionnaires américains craignent cependant que de déclarer ainsi l'état d'urgence économique ne fasse chuter les cours de la Bourse ou ne nuise aux sociétés américaines implantées en Chine.

Pékin a dit «surveiller» ces informations de presse et a appelé lundi Washington à «porter un regard objectif sur les activités commerciales des entreprises chinoises» et à leur «procurer un environnement équitable, favorable et prévisible pour leurs investissements».

«Nous encourageons les entreprises chinoises à suivre les principes du marché et les règles internationales, et à respecter les lois et règlements locaux» dans leurs activités à l'étranger, a plaidé Geng Shuang, porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Les investissements chinois aux États-Unis «ont créé beaucoup d'emplois sur place et généré des rentrées fiscales», tout en ouvrant aux firmes américaines «de nouveaux canaux pour faire des affaires à l'international», a-t-il insisté lors d'une conférence de presse régulière.

La semaine dernière, Donald Trump a menacé de porter à 450 milliards de dollars au total la valeur des produits chinois qui seraient taxés à leur entrée aux États-Unis - soit la grande majorité des importations venues de Chine - si celle-ci amplifie sa riposte aux décisions américaines.

L'administration Trump souhaite réduire son déficit commercial vis-à-vis de Pékin qui atteint actuellement 375 milliards de dollars.