La vision pro-ALENA et anti-tarifs du nouveau haut conseiller économique du président Donald Trump plaira sans doute à Justin Trudeau, pourvu qu'il ne fasse pas trop de cas d'autres points de vue du conseiller, notamment sur le premier ministre canadien lui-même.

Le nouveau haut conseiller économique est un grand partisan du commerce avec le Canada et n'hésite pas à le dire haut et fort.

Une porte-parole de M. Trump a confirmé mercredi que Larry Kudlow a été désigné directeur du conseil économique national de la Maison-Blanche, en remplacement de Gary Cohn, qui a démissionné la semaine dernière.

M. Trump avait déjà indiqué qu'il envisageait sérieusement la candidature de M. Kudlow, un ancien analyste de Wall Street et une personnalité connue de la télévision.

Le président a affirmé qu'il souhaitait avoir dans son équipe une personne dont les vues contrasteraient avec ses propres inclinaisons nationalistes.

Et il semble que cela correspond tout à fait au nouveau venu: dans ses commentaires, M. Ludlow a été très critique de gestes protectionnistes, comme l'imposition de tarifs sur les importations d'acier.

Sa vision du premier ministre du Canada est une autre histoire.

«Malheureusement, nous nous en prenons à un allié majeur sous l'ALENA. Peut-être le plus important allié des États-Unis. Nommément, le Canada», a dit M. Kudlow à CNBC, discutant des tarifs proposés sur les importations il y a deux semaines.

«Même avec ce gars fou de gauche, Trudeau... Ils sont encore nos amis. Pourquoi nous nous en prenons à eux?», a-t-il affirmé.

Son compte Twitter est rempli de messages procommerce. Dans une récente entrevue à la radio, M. Kudlow a d'abord critiqué les tarifs proposés par le président sur l'acier et l'aluminium, avant d'axer davantage ses propos sur un désastre économique anticipé si jamais M. Trump devait retirer le pays de l'Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).

«Ma principale crainte (...) n'est pas la question de l'acier, mais le fait que nous nous retirerions de l'ALENA - ce qui, je crois, serait une mauvaise décision désastreuse», a affirmé M. Kudlow au «The John Batchelor Show» il y a quelques jours.

«Cela braquerait le milieu des affaires contre le président (...) et, franchement, ferait exploser les marchés boursiers», a-t-il ajouté.

Il remplace un conseiller du même acabit, M. Cohn, à la tête du conseil économique national de la Maison-Blanche - et comme son prédécesseur, il risque fort d'être en confrontation avec l'aile plus protectionniste à la Maison-Blanche, qui inclut le conseiller Peter Navarro, et le président lui-même.

Cette récente entrevue à la radio donne aussi un aperçu de possibles batailles à venir.

M. Kudlow a qualifié le représentant au Commerce, Robert Lighthizer, de «maître» de lois sur des sanctions commerciales, illogiques à ses yeux. Il a aussi souligné le fait que la personne responsable du dossier des tarifs sur l'acier pour M. Trump, Wilbur Ross, compte des participations dans des entreprises productrices d'acier.

La porte-parole de M. Trump, Sarah Sanders, a affirmé que M. Kudlow s'était fait offrir le poste, et avait accepté. M. Kudlow en a fait mention dans des entrevues avant l'annonce de la Maison-Blanche, mercredi.