Les conseillers en matière de commerce de Donald Trump ont tous soutenu sa position sur les taxes envisagées sur les importations d'acier et d'aluminium, à l'exception de Gary Cohn qui aurait mis sa démission dans la balance.

Voici les principaux acteurs missionnés par la Maison-Blanche avec pour mot d'ordre «America First», l'Amérique d'abord.

Gary Cohn, le modéré

Appelé par Donald Trump, dès son arrivée à la Maison-Blanche, pour diriger l'influent Conseil économique national, Gary Cohn, 57 ans, est apparu minoritaire ces derniers jours dans le débat sur les mesures à prendre en matière de commerce international.

En public, il défend «le commerce libre, équitable et réciproque». «Nous aimerions que la Commission européenne mette fin à ses droits de douanes sur de nombreux produits que nous aimerions exporter des États-Unis», avait-il même déclaré à la presse lors du Forum économique mondial de Davos en Suisse en janvier.

Pour autant, depuis des mois, Gary Cohn s'efforce, aux côtés du ministre de la Défense Jim Mattis et de l'ancien conseiller Rob Porter (qui a récemment démissionné), de modérer les mesures protectionnistes.

Face aux élans protectionnistes de Donald Trump qui a annoncé la semaine dernière son intention d'imposer 25% de taxes sur les importations d'acier et de 10% sur celles d'aluminium, il a même menacé de démissionner la semaine dernière estimant que ces mesures menaçaient l'économie, a rapporté le New York Times.

Ce n'est pas la première fois que Gary Cohn est en désaccord avec le Président.

Un temps pressenti pour devenir président de la puissante Banque centrale américaine (Fed), M. Cohn avait finalement été écarté pour avoir ouvertement critiqué le président Trump pour son attitude jugée trop bienveillante vis-à-vis des suprémacistes blancs lors des manifestations racistes à Charlottesville (Virginie) en août.

Les rumeurs de départ de cet ancien numéro 2 de la banque Goldman Sachs s'étaient finalement estompées, celui-ci ayant mené à bien sa mission d'élaborer la grande réforme des impôts voulue par le Président et adoptée fin décembre.

Vendredi, c'est le porte-parole du Président, Sarah Sanders, qui a été contrainte de démentir --sans tout à fait convaincre-- les spéculations sur son éventuel départ.

Wilbur Ross, sur une ligne dure

À 80 ans, le ministre du Commerce Wilbur Ross est l'artisan des propositions drastiques soumises à Donald Trump pour limiter les importations d'acier et d'aluminium. Dans ses rapports remis en janvier, il concluait que l'imposition de taxes dans ces secteurs stratégiques était impérative en invoquant l'enjeu de sécurité nationale.

Cet homme d'affaires, qui a bâti sa fortune en redressant des entreprises en difficulté en particulier du secteur sidérurgique, avait clairement dit à son arrivée au gouvernement que sa priorité serait de réduire le gigantesque déficit commercial américain qui s'est élevé à 566 milliards en 2017 et même à 810 milliards sans l'excédent dans le secteur des services.

Wilbur Ross estime que ces taxes auront peu d'impact sur les consommateurs américains malgré l'avalanche de critiques et de mises en garde sur les possibles conséquences négatives aux États-Unis du déclenchement d'une guerre commerciale, y compris au sein même des républicains. Paul Ryan, président de la Chambre américaine des représentants, a exprimé sa «grande inquiétude des conséquences d'une guerre commerciale», exhortant la Maison-Blanche «à ne pas mettre son plan à exécution».

Peter Navarro, le fervent adversaire de la Chine

À 68 ans, Peter Navarro est l'actuel conseiller pour le commerce de Donald Trump. Cet économiste est l'auteur de dizaines de livres dont «Death by China: how America lost its manufacturing base» (La mort par la Chine: comment l'Amérique a perdu sa base industrielle). Il y critique la guerre économique menée par Pékin et ses ambitions de dominer l'Asie.

Depuis sa prise de fonction, il s'en est pris aussi à l'Allemagne accusée d'user d'un euro «largement sous-évalué» pour «exploiter» ses principaux partenaires commerciaux, dont les États-Unis.

Sans surprise, il penche pour des droits de douanes imposés à tous les pays importateurs sans distinction.

Robert Lighthizer, le négociateur en chef

Le représentant spécial pour le Commerce (USTR), Robert Lighthizer, 70 ans, est membre à ce titre du «cabinet» (gouvernement) réuni autour du président américain.

Il renégocie actuellement l'accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) avec le Canada et le Mexique que Trump veut voir amender au bénéfice des entreprises et travailleurs américains.

Lundi, le président américain a fait savoir qu'il transigerait peut-être sur les mesures sur l'acier et l'aluminium avec le Canada, principal fournisseur d'acier des États-Unis, et le Mexique si un accord «juste» était trouvé pour l'ALÉNA.

Outre la négociation des accords commerciaux, Robert Lighthizer représente les États-Unis au sein de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et a la difficile tâche de concilier les volontés protectionnistes de Trump avec celles souvent plus libérales de sa majorité républicaine au Congrès.