Au terme d'une nuit de débats houleux avec ses conseillers, le président des États-Unis Donald Trump a confirmé jeudi son intention d'invoquer des raisons de sécurité nationale pour imposer des tarifs sur les importations d'acier et d'aluminium, au risque de déclencher une guerre commerciale avec ses principaux alliés.

«Je les promulguerai la semaine prochaine, a affirmé le président américain lors d'une rencontre à la Maison-Blanche avec des producteurs d'acier et d'aluminium américains. Et elles seront appliquées pour longtemps.»

Le président américain a évoqué des tarifs douaniers de 25 % pour l'acier et de 10 % pour l'aluminium sans toutefois spécifier quels pays ils viseront.

Alors que les analystes spéculent sur la réaction de la Chine à ces déclarations, soulignons que le Canada est le principal fournisseur étranger de ces deux métaux aux États-Unis.

«Il a dit: "ça va être là pour longtemps" et c'est très préoccupant, a noté Jean Simard, président de l'Association de l'aluminium du Canada. Habituellement c'est pour 6 mois ou 1 an.»

«Un tarif de 10 % aura un impact sur la rentabilité de nos entreprises, limitera notre capacité à démarrer des projets, et nous forcera à s'investir pour maintenir nos marchés, mais surtout affectera les PME qui produisent de petits volumes pour l'exportation», a affirmé M. Simard.

Toutes les alumineries canadiennes sont au Québec, sauf une. Le Canada exporte plus de 80 % de son aluminium aux États-Unis et est considéré comme un fournisseur fiable, au titre de la sécurité nationale américaine. Cette relation est codifiée dans plusieurs accords bilatéraux de défense. 

La Bourse américaine a réagi en forte baisse après la sortie du président Trump, craignant les pressions inflationnistes et le déclenchement d'un conflit commercial global.

La déclaration de M. Trump est survenue après des heures d'une lutte intense entre ses conseillers, selon plusieurs sources médiatiques.

D'un côté, les protectionnistes purs et durs: le secrétaire au Commerce Wilbur Ross, le représentant au commerce Robert Lighthizer et le conseiller Peter Navarro. Ce dernier, un économiste et auteur d'essais isolationnistes, dont notamment Death by China, vient de se voir promettre une promotion par M. Trump.

De l'autre, Gary Cohn, directeur du Conseil économique national, et le secrétaire de la Défense Jim Mattis plaidaient pour une mesure plus ciblée qui épargnerait les principaux alliés des États-Unis.

Il n'était pas clair au moment d'écrire ces lignes s'il y aura des exceptions pour le Canada ou d'autres pays.

Le New York Times rapportait que ce matin, M. Trump a affirmé à un groupe d'industriels qu'il n'y aurait aucune exception.

Cependant, la décision finale est encore à venir.

Signe que la lutte est intense dans l'administration Trump, des représentants syndicaux et des industriels avaient été invités ce matin à une séance de signature des décrets. Mais l'invitation a été transformée en consultation.

- Avec Agence France-Presse