L'inflation a confirmé son retour aux États-Unis en janvier, affichant son rythme le plus rapide en quatre mois, ce qui a immédiatement relancé la volatilité à Wall Street.

Une résurgence de l'inflation pourrait encourager la Banque centrale américaine (Fed) à relever plus rapidement ses taux d'intérêt susceptibles de plomber les prix des actions, de tendre le marché obligataire et de faire remonter le billet vert.

Jusqu'ici, la Fed prévoit cette année trois modestes relèvements des taux d'intérêt au jour le jour comme en 2017.

Selon les chiffres du ministère du Travail, l'indice des prix à la consommation CPI a avancé de 0,5% par rapport à décembre en données corrigées des variations saisonnières. C'est sa plus forte augmentation depuis septembre.

Sur un an, l'indice a progressé de 2,1%, un chiffre légèrement supérieur, comme en décembre, à la cible de 2% la Fed.

La Banque centrale prend toutefois davantage en compte l'autre indice PCE basé sur les dépenses réelles des consommateurs, dont l'évolution est généralement plus faible que celle du CPI.

Après la publication de ces chiffres, Wall Street a ouvert en baisse, l'indice vedette DJIA perdant environ 0,4% en début de séance alors que les principaux indices boursiers européens s'affichaient également en recul. Le Dow Jones s'est ensuite repris en milieu de matinée pour s'inscrire modestement dans le vert.

«Alors que le risque d'une inflation plus forte commence à émerger, le rêve d'une hausse éternelle du marché boursier a pris du plomb dans l'aile», a résumé Jason Schenker, de Prestige Economics. «Espérons que l'économie peut encaisser ces nouveaux accès de volatilité», a ajouté cet économiste.

Les Bourses mondiales ont subi la semaine dernière des fortes baisses après la publication de chiffres montrant une hausse des salaires aux États-Unis ce qui avait attisé les craintes d'une accélération de l'inflation.

Alimentation, vêtements, loyers en hausse

Le secteur de l'énergie a affiché en janvier une hausse des prix de 3% dont 5,7% pour l'essence. Les prix alimentaires ont accéléré de 0,5%, leur plus forte avancée depuis septembre. Ceux des vêtements, dopés par un mois de janvier froid dans l'Est du pays, ont grimpé de 1,7%, du jamais vu depuis février 1990.

Les loyers ont poursuivi leur hausse (+0,2%) en janvier.

«Une inflation plus soutenue est déjà là et la Fed va être obligée d'y répondre», a réagi Michael Pearce, de Capital Economics, prédisant désormais quatre hausses des taux, la première intervenant dès la réunion monétaire des 20 et 21 mars.

La veille de la publication de ces chiffres et après que la Bourse américaine a connu sa pire semaine depuis deux ans, le nouveau président de la Fed, Jerome Powell a évité de faire des vagues dans une déclaration lors d'une cérémonie de prestation de serment.

«Nous sommes en train de normaliser graduellement notre politique» monétaire, a-t-il dit répétant le principe de hausses progressives prôné par sa prédécesseure Janet Yellen, non reconduite par Donald Trump.

L'ancien banquier, qui a déjà passé 5 ans à la Fed, a assuré que la Banque centrale resterait «vigilante face à tout risque qui pourrait menacer la stabilité financière».

La remontée des chiffres de l'inflation, même si elle agite les marchés, n'est pas vraiment une surprise.

L'inflation a été muette pendant des années au point que les économistes se sont demandés si un changement structurel dans l'économie expliquait ce silence. Mais Janet Yellen a toujours estimé que ce n'était que temporaire.

Au chiffre de l'inflation, s'est ajouté mercredi celui décevant des ventes au détail (-0,3%). À la surprise des analystes, les consommateurs américains ont été frileux en janvier.

Le chiffre de décembre, traditionnellement fort du fait des ventes de fin d'année, a aussi été mauvais avec des ventes stagnantes alors qu'elles étaient censées progresser de 0,4%, selon la précédente estimation.

«Ce sont clairement des chiffres épouvantables», a estimé Chris Low, économiste pour FTN Financial.

La clé résidera dans l'accélération du pouvoir d'achat des Américains. «Pour maintenir une demande solide, les ménages ont besoin de revenus à dépenser. Et ils n'en ont pas», a relevé Joel Naroff, économiste indépendant.

Le secrétaire au Trésor Steven Mnuchin a, lui, assuré mercredi devant le Congrès que «les salaires allaient augmenter dans les mois à venir» et que les Américains allaient «sentir l'effet des baisses d'impôts».