Avec le retrait du Partenariat transpacifique et son intention de renégocier l'ALÉNA, le président américain, Donald Trump, rebrasse les cartes du commerce mondial, contraignant la Chine, l'Europe et les émergents à chercher de nouvelles pistes.

Dès le début de sa présidence, M. Trump a tenu sa promesse électorale de retirer les États-Unis du Partenariat transpacifique (PTP), une des priorités de son prédécesseur, Barack Obama, qui voulait en faire un contrepoids à l'influence grandissante de la Chine.

«Une opportunité perdue pour les pays exportateurs qui voulaient gagner un plus large accès à des marchés importants», a expliqué Marie Diron, de l'agence de notation Moody's, dans une note publiée mercredi.

L'échec de ce traité, signé en 2015 par 12 pays d'Asie-Pacifique représentant 40% de l'économie mondiale, va pénaliser des pays exportateurs comme le Vietnam, la Malaisie, Brunei et surtout le Mexique, mais nettement moins le Japon ou l'Australie «dont l'accès au marché mondial demeure très grand», a-t-elle souligné.

Les pays émergents exportateurs sont ainsi contraints de chercher d'autres débouchés, à l'image du Mexique qui se retrouve au pied du mur, d'autant plus que M. Trump exige la renégociation de l'Accord de libre-échange de l'Amérique du Nord (ALÉNA) et a menacé de taxer les importations du pays voisin, notamment dans l'automobile.

Le gouvernement mexicain a de son côté prévenu qu'il quittera la table des négociations en cas de désaccord avec son principal partenaire commercial, sans dévoiler pour autant s'il se tournerait vers la Chine, premier exportateur mondial de biens, ou d'autres pays.

La Chine à l'offensive

Car Pékin est passé à l'offensive pour tirer profit du repli américain. Le président, Xi Jinping, s'est rendu la semaine dernière au World Economic Forum (WEF) à Davos pour dire haut et fort non au protectionnisme et défendre le libre-échange.

«Au fur et à mesure que les États-Unis se retirent du reste du monde, la Chine va occuper le moindre espace disponible», a expliqué à l'AFP Steen Jacobsen, chef économiste de la banque danoise Saxo.

Le retrait du PTP «donne ainsi des options à la Chine non seulement en Asie ou dans la région Pacifique mais aussi jusqu'au Mexique!», avait d'ailleurs souligné l'économiste Nouriel Roubini, lors de ce même forum de Davos.

Il a d'ailleurs appelé le Mexique et les autres émergents à se rapprocher de Pékin.

«Si les États-Unis ne veulent pas du Mexique dans l'ALÉNA, alors qu'il rejoigne un accord de libre-échange» avec la Chine, a-t-il déclaré.

Mais l'option chinoise n'est pas forcément la solution la plus facile, comme le souligne Radu Vranceanu, professeur d'économie à l'Essec.

«La Chine a un discours très porté sur la mondialisation mais elle reste un pays beaucoup plus fermé que les États-Unis pour les pays étrangers», a-t-il rappelé. «Elle n'est en aucun cas un exemple de libre-échange, au contraire», a-t-il ajouté.

Certains pays signataires du PTP ont certes commencé à étudier la possibilité de se joindre à l'accord économique régional lancé par la Chine, «mais les accords commerciaux potentiels envisagés n'apporteront pas les mêmes avantages que le PTP», a prévenu Mme Diron, de Moody's.

«Je ne vois pas un risque chinois pour Washington», a expliqué M. Vranceanu. «L'avantage comparatif des États-Unis, c'est l'innovation, qu'on retrouve dans les produits qu'ils exportent. Or la Chine exporte des produits à forte intensité de main d'oeuvre», a-t-il souligné.

Quant à l'Europe, elle pourrait sortir son épingle du jeu. «Ces facteurs externes (qui pourraient réduire ses exportations) vont contraindre l'Allemagne à augmenter sa consommation pour maintenir le même niveau de croissance», a expliqué M. Jakobsen.