L'économie américaine a encore créé de nombreux emplois en août, mais moins qu'attendu, ce qui pourrait inciter la Banque centrale américaine à l'attentisme par crainte d'enrayer une croissance apathique dans un contexte politique tendu.

L'économie américaine a généré 151 000 nouvelles embauches en août en données corrigées des variations saisonnières, alors que les analystes tablaient sur 180 000, après 275 000 en juillet, selon les données du ministère du Travail.

Le taux de chômage est resté stable à 4,9%, au même niveau depuis trois mois.

À ce niveau d'embauches, la vitalité de l'emploi américain demeure largement suffisante pour maintenir un bas taux de chômage, mais cela ne semble pas assez pour persuader la Réserve fédérale (Fed) d'enclencher un renchérissement du crédit avant les élections présidentielles, s'accordaient à dire la plupart des analystes.

«Ce n'est pas assez pour que la Fed dégaine dès ce mois-ci», a résumé Jason Schenker, de Prestige Economics.

Le Comité monétaire de la banque centrale (FOMC) se réunit dans moins de trois semaines, les 20 et 21 septembre.

La Maison-Blanche s'est félicitée du niveau des créations d'emplois qui depuis le début de 2016 a atteint en moyenne 182 000 chaque mois, «bien au-dessus du rythme de 80 000 postes mensuels nécessaires pour maintenir un taux de chômage bas et stable».

Mais elle relève aussi, par la voix de Jason Furman qui préside le Cercle des conseillers économiques du président, qu'«il y a du travail à faire pour soutenir une plus vive croissance des salaires».

Car c'est aussi un des points noirs du dernier rapport sur l'emploi. La progression des salaires, déjà frêle, a ralenti en août à 2,4% sur un an au lieu de 2,6% le mois d'avant.

Ce n'est pas une bonne nouvelle aux yeux de la Fed qui aimerait voir l'inflation remonter, notamment grâce à des hausses de salaires, vers un objectif de 2% qu'elle estime sain pour l'économie.

«Le fait que l'économie ait ajouté moins d'emplois que prévu en août et que la croissance des rémunérations ait marqué le pas réduisent les chances que la Fed relève les taux en septembre», a aussi affirmé Chris Williamson, d'IHS Markit.

Pour Harm Bandholz, d'UniCredit, «la Fed est sur les rails pour une hausse en décembre, septembre ne semblant plus être sur la table».

Prudence de la Fed

Les débats promettent d'être intenses néanmoins parmi les membres du FOMC entre ceux qui croient que l'économie est assez solide pour supporter un deuxième modeste resserrement du crédit depuis la crise financière et ceux qui préfèrent attendre que la croissance se solidifie et que l'inflation remonte.

Jeffrey Lacker, président de l'antenne régionale de la Fed de Richmond, qui participe au Comité monétaire même s'il ne vote pas cette année, a estimé vendredi que «les taux d'intérêt sur les fonds fédéraux devraient être plus hauts qu'ils ne le sont aujourd'hui».

La présidente de la Fed, Janet Yellen, a récemment assuré que l'économie «s'approchait» des objectifs «d'emploi maximum et de stabilité des prix». «Les arguments pour une hausse des taux d'intérêt se sont renforcés au cours des derniers mois», a-t-elle averti à la conférence monétaire de Jackson Hole fin août.

L'expansion de la première économie mondiale n'a atteint que 1,1% au 2e trimestre en rythme annuel. Le 3e trimestre semblait mieux enclenché, mais la contraction, publiée jeudi, de l'activité manufacturière en août pour la 1re fois depuis six mois, a douché l'optimisme.

Dans un communiqué de campagne, Donald Trump, le candidat républicain, a stigmatisé «l'économie Clinton-Obama qui manque de livrer les emplois dont les Américains ont tant besoin». «Comme si cela ne suffisait pas (...) plus d'un tiers des jobs sont des emplois mal payés dans le commerce de détail ou les restaurants, insuffisants pour faire vivre une famille».

Les secteurs qui ont le plus embauché en août sont en effet les restaurants et débits de boissons (34 000) et les services d'aide sociale (22 000) tandis que le secteur manufacturier a de nouveau plongé dans le rouge, détruisant 24 000 postes.

Au total, le nombre de chômeurs reste à 7,8 millions avec toujours un taux allant quasiment du simple au double entre les blancs (4,4% de chômeurs) et les noirs (8,1%). Les travailleurs à temps partiel, faute de trouver mieux, sont toujours très nombreux (6,1 millions).