Le groupe Bacardi a annoncé mardi avoir saisi la justice pour contester l'autorisation accordée en janvier par les États-Unis à Cuba de vendre le rhum Havana Club sur le territoire américain quand l'embargo économique contre La Havane sera levé.

«Nous sommes vraiment désolés de devoir utiliser le temps et les ressources du système judiciaire américain», a déclaré dans un communiqué le vice-président du groupe Rick Wilson, tout en estimant nécessaire de faire respecter les droits «de ceux qui ont été victimes de confiscations de leurs biens» après la révolution castriste de 1959.

Groupe d'origine cubaine exilé aux Bermudes après l'arrivée au pouvoir de Fidel Castro, Bacardi assure être l'unique propriétaire de la marque Havana Club qu'il vend sur le territoire américain.

Le gouvernement cubain conteste cet argumentaire et commercialise, à travers un organisme nommé Cubaexport, cette même marque hors des États-Unis au sein d'une co-entreprise formée avec le français Pernod Ricard.

Sur fond de réchauffement diplomatique entre Washington et La Havane, les États-Unis ont, en janvier, accordé au gouvernement cubain le droit de vendre le Havana Club sur leur territoire quand l'embargo imposé depuis 1962 sera levé.

C'est cette décision que le groupe Bacardi a décidé de contester en déposant un recours devant un tribunal de Washington où il affirme être propriétaire de la marque et en avoir été spolié par le régime de Fidel Castro.

En 1976, les autorités castristes avaient en effet réussi à enregistrer la marque aux États-Unis avant de la perdre en 2006.

De son côté, Pernod Ricard a précisé avoir de nouveau demandé à enregistrer la marque Havana Club en février auprès des autorités américaines.

«Nous sommes confiants dans le fait que Cubaexport obtiendra gain de cause quant à son enregistrement, dans le cadre du litige en cours», a assuré Ian FitzSimons, avocat de Pernod Ricard dans un communiqué du groupe, qui dit par ailleurs «être en train d'analyser» le contenu de la plainte.

Ce nouvel épisode de cette longue saga intervient alors que Barack Obama se rend le 20 mars à Cuba pour la première visite d'un président américain sur l'île communiste depuis 1928.

En dépit de plusieurs allégements des restrictions commerciales contre La Havane, l'embargo américain sur Cuba reste en place et ne peut être levé que par le Congrès des États-Unis.