La présidente de la Réserve fédérale (Fed) Janet Yellen a déclaré mercredi qu'il ne fallait pas « surestimer » la signification de la première hausse des taux décidée par la Fed.

« C'est seulement 25 points de base », a-t-elle affirmé soulignant que la politique monétaire demeurerait « accommodante » et qu'elle évoluerait de façon « graduelle ».

La Fed a décidé une hausse minime des taux d'intérêt mercredi après sept ans de politique monétaire à taux zéro.

« Ce qu'on veut éviter c'est une situation où on aurait attendu trop longtemps au point de nécessiter de resserrer les taux de façon brutale ce qui pourrait couper court à ce qui, j'espère, sera une croissance durable », a ajouté Mme Yellen.

« Je crois que la première chose que les Américains devraient réaliser est que la décision de la Fed reflète notre confiance dans l'économie américaine », a poursuivi la patronne de la Fed.

« C'est très petit mouvement. Cela se reflétera dans les taux d'emprunt (...), mais les emprunts à long terme ne vont sans doute pas bouger beaucoup », a encore dit Mme Yellen évoquant les crédits immobiliers.

Elle a cependant reconnu que les taux à court terme sur les cartes de crédit allaient augmenter « un peu ».

La Banque centrale américaine (Fed) a pris mercredi la décision historique de relever ses taux pour la première fois en près de 10 ans, amorçant la normalisation de sa politique monétaire après des mois de spéculations.

Ses taux directeurs, qui étaient maintenus proches de zéro depuis la fin de 2008, seront relevés de 0,25 point de pourcentage et évolueront désormais dans une fourchette comprise entre 0,25% à 0,50%, a décidé à l'unanimité le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) à l'issue de deux jours de réunion à Washington.

La hausse décidée mercredi « marque la fin » d'une politique monétaire exceptionnelle et consacre les « progrès considérables » accomplis par l'économie des États-Unis, a déclaré la présidente de la Fed Janet Yellen.

« Cette décision marque la fin d'une période exceptionnelle de sept ans pendant laquelle les taux ont été maintenus proches de zéro pour soutenir la reprise », a déclaré la dirigeante lors d'une conférence de presse. « Cela consacre aussi les progrès considérables qui ont été accomplis pour redresser l'emploi (...) et alléger les difficultés économiques de millions d'Américains ».

Selon la dirigeante, cette décision reflète également «la conviction» des dirigeants de la Fed que «l'économie continuera à améliorer».

Mme Yellen a toutefois prévenu que la reprise économique n'était pas encore « complète ». « Il y a encore une marge pour une amélioration supplémentaire du marché du travail et l'inflation continue d'évoluer sous notre objectif de long terme » de 2 %, a argumenté la dirigeante.

Cette hausse est modeste mais elle pourrait marquer le début de la fin de la politique monétaire extrêmement accommodante déployée par la Réserve fédérale pour soutenir la reprise américaine et fluidifier le crédit après la récession de 2008-2009. Sa résonance promet par ailleurs d'être planétaire.

Ce changement de cap, qui tranche avec l'intensification de l'action des banques centrales européenne et japonaise, pourrait ainsi provoquer des turbulences sur les marchés mondiaux, rendus nerveux par la fin de l'ère de «l'argent pas cher», et déstabiliser des pays émergents inquiets de voir les investisseurs se ruer vers le dollar.

Sous l'impulsion de sa présidente Janet Yellen, la Réserve fédérale a franchi le pas en dépit de ces risques en s'appuyant sur l'amélioration de la santé économique des États-Unis.

«Amélioration considérable»

Dans son communiqué publié mercredi, le FOMC affirme ainsi que le marché du travail américain a connu une «amélioration considérable» cette année, avec un taux de chômage tombé à 5%, et se dit «raisonnablement confiant» dans le fait que l'inflation annuelle, actuellement proche de zéro, remontera «à moyen terme» vers son objectif de 2%.

Les dépenses des ménages et l'investissement des entreprises ont par ailleurs augmenté à des «rythmes solides au cours des récents mois», note encore le FOMC, selon qui l'activité économique dans son ensemble a crû à un rythme «modéré».

Au vu de la situation économique, la Fed prévient toutefois que les futures hausses des taux seront «graduelles», qu'elles dépendront des données économiques à venir et que la politique monétaire restera, en tout état de cause, accommodante pendant «un certain temps».

«Les taux fédéraux au jour le jour devraient probablement rester, pour un certain temps, sous les niveaux qui devraient être les leurs sur le long terme», écrit le FOMC.

La dernière hausse des taux aux États-Unis remontait à juin 2006 lorsque la Fed voulait calmer le marché immobilier qui éclatera deux ans plus tard avec la crise des prêts à risques «subprimes».

Avec cette décision unanime, la banque centrale a su surmonter ses divisions. Certains de ses dirigeants plaidaient pour le statu quo en raison de la faible inflation et des incertitudes sur la reprise tandis que d'autres mettaient en garde contre le risque de surchauffe de l'économie, abreuvée de dollars bon marché depuis sept ans.

Les faux départs ont été nombreux. En septembre, la banque centrale avait renoncé à franchir le pas en arguant notamment d'un accès de faiblesse de l'économie chinoise.

Péril pour les pays émergents

En abandonnant sa politique de taux zéro, la banque centrale continue de refermer un chapitre exceptionnel de son histoire, qu'elle avait commencé à clore il y a un an en mettant fin à un vaste programme de rachats d'actifs. Son bilan atteint aujourd'hui le niveau inédit de 4500 milliards de dollars, soit environ une fois et demi le PIB de la France.

Dans l'immédiat, le relèvement des taux - qui déterminent le coût des prêts que les banques se font entre elles - devrait avoir peu d'effets aux États-Unis mais il pourrait à terme avoir des répercussions sur le portefeuille des Américains, renchérir le coût du crédit et doper la rémunération de l'épargne.

La grande inconnue porte surtout l'impact pour les pays émergents. La politique des taux zéro a poussé de nombreux investisseurs à placer leurs fonds au Brésil, en Turquie ou en Afrique du Sud, en quête de rendements plus rémunérateurs.

Avec ce changement de cap, ces pays vont devenir moins attractifs et pourraient subir une brusque accélération d'un exil des capitaux qui a déjà commencé. La Banque mondiale leur a d'ailleurs conseillé d'«attacher leur ceinture» et à se préparer à des turbulences.

Autre conséquence de la hausse des taux, la probable appréciation du dollar risque de pénaliser les exportations américaines mais elle pourrait également peser sur les entreprises étrangères qui ont contracté des emprunts libellés en billet vert et dont le fardeau de la dette risque de subitement s'alourdir.