La présidente de la banque centrale américaine Janet Yellen a vigoureusement critiqué mardi un projet de loi de la Chambre des représentants voulant réformer et superviser la Réserve fédérale (Fed).

Dans une lettre au nouveau président de la Chambre des représentants, le républicain Paul Ryan, et à la responsable démocrate Nancy Pelosi, Mme Yellen estime que le projet de «Réforme et modernisation de la Fed» (FORM Act) «porterait sévèrement atteinte à l'économie américaine s'il devenait une loi».

Ce texte «présente de sérieuses erreurs», affirme, sans mâcher ses mots, la patronne de la Fed.

«Il empêcherait sérieusement la Fed d'exercer son mandat qui est de promouvoir l'emploi maximum et la stabilité des prix» et «porterait atteinte à l'indépendance» de la banque centrale, écrit encore Mme Yellen.

Ce texte approuvé par la Commission des services financiers de la Chambre demande notamment à la Fed d'établir une «formule mathématique» qui dicterait la politique sur les taux de l'institution monétaire et exigerait de la Fed qu'elle se justifie auprès du Congrès dès qu'elle dévie de cette règle.

«Mener une politique monétaire en adhérant strictement à ce que prescrit une simple règle conduirait à des résultats économiques médiocres», prévient Mme Yellen ajoutant qu'il n'y a pas de consensus parmi les économistes sur une formule de politique monétaire.

Elle prend l'exemple de la crise financière passée et de la récession qui s'en est suivie. «Si le Comité de politique monétaire (FOMC) avait du fonctionner en suivant une règle unique de politique monétaire au cours des six ans et demi passés, les conséquences du chômage auraient été bien plus douloureuses qu'elles ne l'ont déjà été et l'inflation serait encore plus éloignée de l'objectif de 2% de la Fed».

Le texte prévoit que le GAO (Government Accountability Office), un organisme ressemblant à la Cour des Comptes mais sous la directive du Congrès, puisse «examiner les décisions monétaires de la Fed à tout moment».

«Cette disposition politiserait les décisions monétaires et imposerait des pressions politiques à court terme sur les délibérations du FOMC», une influence qui pourrait conduire «à accroître les craintes d'inflation, à diminuer le statut du dollar sur les marchés financiers et à fragiliser la stabilité financière et économique», s'alarme encore la présidente de la banque centrale.

Pour le président de la Commission des services financiers de la Chambre, le républicain Jeb Hensarling, le FORM Act au contraire «corrige» le manque de clarté de la politique de la Fed en «augmentant sa transparence et le fait qu'elle doive rendre des comptes».

«Depuis la crise financière, la politique monétaire non-conventionnelle de la Fed et le plus grand pouvoir qui lui a été accordé par la réforme Dodd-Frank a fait de la banque centrale une organisation méconnaissable aux yeux des membres du Congrès qui l'ont créée il y a 100 ans», a-t-il déclaré dans un communiqué.