Le taux de chômage aux États-Unis est tombé en août au plus bas depuis avril 2008 à 5,1 %, mais les chiffres de l'emploi annoncés vendredi ne permettent pas de lever le voile sur ce que la Banque centrale (Fed) décidera en matière de taux dans 13 jours.

Le taux de chômage est tombé de deux dixièmes de point à son niveau le plus bas depuis le début de la crise financière, mais les créations d'emplois en août ont ralenti, décevant les attentes.

L'économie n'a créé que 173 000 emplois le mois dernier alors que les analystes tablaient sur 217 000 nouvelles embauches. La baisse du taux de chômage s'explique notamment par une révision en hausse des créations d'emplois sur les mois précédents (+ 44 000 en juin et juillet).

Si les services de santé, l'hôtellerie ont fortement embauché, le secteur manufacturier affecté par le dollar fort et la lente conjoncture mondiale et celui des industries extractives, touché par les bas prix du pétrole, ont continué de tailler dans leurs effectifs.

Ce rythme ralenti de créations d'emplois, qui atteint quand même en moyenne mensuelle 221 000 ces trois derniers mois, a toutefois permis au nombre de chômeurs de tomber à 8 millions, au nadir depuis plus de sept ans.

«Nos entreprises ont créé 13,1 millions d'emplois pendant 66 mois d'affilée, une durée record», s'est félicitée la Maison-Blanche dans un communiqué.

Pour la Réserve fédérale (Fed) qui voudrait commencer à relever les taux d'intérêt cette année, ces chiffres mitigés compliquent le débat alors qu'elle réunit son Comité monétaire les 16 et 17 septembre.

«Le vice-président de la Fed Stanley Fischer avait dit qu'il attendait ce rapport sur l'emploi pour août: s'il espérait que les chiffres parlent un langage clair (...) il va être déçu», résumait Harm Bandholz, économiste chez UniCredit.

Même si les travailleurs ne trouvant qu'un emploi à temps partiel demeurent nombreux à 6,5 millions, le marché du travail atteint ainsi en août le seuil du plein emploi, un des objectif de la Fed (correspondant à un taux de chômage compris entre 5 % et 5,2 %).

À 5,1 %, le taux de chômage tombe même sous la dernière prévision médiane de la banque centrale pour 2015 (5,25 %).

Autre point positif aux yeux de la Fed: il y a un frémissement d'augmentation des salaires (+0,3 % en août, +2,2 % sur un an). La banque centrale souhaite que l'inflation, quasi-stagnante, remonte vers un objectif de 2 %, sain pour l'économie.

Attendre ou non?

Au sein du Comité monétaire (FOMC), ces chiffres sur l'emploi vont donner du grain à moudre aux «faucons», partisans d'une proche hausse des taux, comme aux «colombes», qui prônent la patience vu la conjoncture mondiale, le ralentissement chinois et l'atonie de l'inflation.

«Il ne faut pas attendre» pour relever les taux, a résumé vendredi Jeffrey Lacker, un des membres votants du FOMC et président de l'antenne régionale de la Fed de Richmond.

Une hausse des taux dès la réunion de septembre paraissait au contraire «moins impérieuse» la semaine dernière à William Dudley, président de la Fed de New York.

Le Fonds monétaire international a quant à lui appelé de nouveau les États-Unis à la patience avant de commencer à normaliser leur politique monétaire. Les taux directeurs sont maintenus entre 0 et 0,25 % depuis décembre 2008. Soucieux de la volatilité sur les marchés et inquiet que les capitaux s'échappent des économies émergentes attirés par un dollar plus fort, le FMI estime que la Fed «a la flexibilité nécessaire pour attendre».

Pour l'économiste de High Frequency Economics, Jim O'Sullivan, un des rares à avoir correctement estimé les créations d'emplois d'août, «les chiffres de l'emploi montrent assez de dynamisme pour soutenir un resserrement du crédit dès septembre».

«Mais les responsables de la Fed vont le retarder vu les risques soulevés par le ralentissement mondial et les turbulences sur les marchés», affirme-t-il avant de promettre: «mais ils vont le faire très bientôt».