Un ralentissement des économies à l'étranger risque d'affaiblir les perspectives d'inflation aux États-Unis, a estimé mardi un responsable de la Réserve fédérale qui croit que la hausse à venir des taux d'intérêt sera beaucoup plus graduelle que lors des cycles précédents.

Pour le président de l'antenne régionale de la Fed de Boston, Eric Rosengren, les prévisions de la Fed en matière d'inflation vont devoir tenir compte d'une économie mondiale «plus faible» suggérée par «le ralentissement des économies étrangères, la volatilité des actions boursières et la chute des prix des matières premières».

«Des indications d'une économie mondiale beaucoup plus faible pourraient accroître les incertitudes des prévisions de croissance et d'inflation», a affirmé ce responsable qui sera un membre votant du Comité de politique monétaire (FOMC) l'année prochaine.

Il s'attend d'ailleurs à ce que l'inflation baisse encore «de façon temporaire dans les mois qui viennent», vu les nouveaux reculs des prix de l'énergie et des matières premières. Sans compter que «les salaires ne montrent guère de signe d'augmentation», ajoute-t-il.

L'évolution des prix se situe actuellement, selon l'indice PCE, baromètre favori de la Fed, à 0,3% sur un an et à 1,2%, si l'on exclut les prix de l'énergie et de l'alimentation. La Fed a un objectif de 2% d'inflation à moyen terme qu'elle estime sain pour l'économie.

Dans un discours prononcé à New York devant le Club des prévisionnistes, M. Rosengren a examiné l'histoire des cycles récents de hausse des taux d'intérêt en 1994 et 2004 pour déterminer que la normalisation qu'espère lancer bientôt la banque centrale américaine cette fois-ci sera bien «plus graduelle».

Il a observé d'abord que la croissance du PIB des États-Unis était bien plus faible à 2,7% sur les quatre derniers trimestres qu'en 1994 (3,4%) quand la Fed a décidé de commencer à resserrer le crédit et qu'en 2004 (4,2%) lorsqu'elle a entamé la première de ses huit hausses d'un quart de point des taux d'intérêt.

L'inflation aussi est bien plus basse aujourd'hui à 1,2% (sans les prix de l'énergie et l'alimentation) alors qu'elle tournait déjà autour de 2% en 1994 comme en 2004.

Seul le taux de chômage est plus bas aujourd'hui (5,3%) qu'il ne l'était en 1994 (6,6%) ou 2004 (5,6%).

Mais M. Rosengren remarque que, selon un autre indicateur du marché de l'emploi qui tient compte des travailleurs à temps partiel (appelé U6), les performances actuelles du marché du travail sont moins roses qu'il n'y paraît. Le taux de chômeurs et de travailleurs à temps partiel ou occasionnels est ainsi actuellement de 10,7% contre 9,6% en 2004.

Dans ces conditions, ce futur membre votant du FOMC assure que le prochain cycle de hausse des taux, que la Fed espère entamer dès cette année, «sera plus graduel et s'arrêtera à un plus bas niveau».

En 1994, la Fed avait finalement haussé les taux de 250 points de base et de 200 points en 2004.

Actuellement, les taux d'intérêt sur les fonds fédéraux que commande la Fed sont entre 0 et 0,25% (25 points de base) depuis fin 2008.