La bonne tenue des ventes au détail aux États-Unis en mai pourrait être le signe du retour tant attendu des consommateurs américains pour tirer l'économie et autoriser une future hausse des taux d'intérêt.

Les ventes de détail ont nettement accéléré en mai gagnant 1,2% comme l'espéraient les analystes. Le chiffre du mois précédent a en outre été relevé en hausse à +0,2% au lieu de stagner, comme l'affirmait la première estimation.

«Voilà, de loin, les meilleures données sur le front de la consommation qu'on a eues en un an», se félicitait Harm Bandolz, économiste en chef pour UniCredit Research.

Les dépenses des consommateurs, qui comptent pour trois quarts du Produit intérieur brut américain, sont passées dans le vert dans 11 des 13 grandes catégories de biens, publiées jeudi par le département du Commerce.

Les ménages ont commencé à dépenser les économies réalisées grâce à la chute des prix de l'essence intervenue de juillet à mars.

Les économistes ont évalué à entre 700 et 800 dollars par foyer sur l'année le pouvoir d'achat libéré par la baisse des prix de l'énergie.

«Les consommateurs sont revenus en force», estimait Chris Christopher, économiste pour IHS Global Insight. «Le rapport de mai montrent qu'ils ont commencé à utiliser dans les centres commerciaux leur dividende de la baisse des prix de l'essence», a-t-il ajouté.

L'augmentation des ventes a d'abord brillé dans le secteur automobile, traditionnellement bien portant en mai avec les promotions tentantes du traditionnel long week-end du Memorial Day.

Également encouragées par les bas prix des carburants, les ventes de voitures et de SUV ont en effet marqué le mois dernier leur plus haut niveau en rythme annuel depuis juillet 2005 à 17,7 millions de véhicules.

En excluant les ventes automobiles qui ont grimpé de 2%, les ventes au détail ont affiché une solide hausse de 1%. Tous les secteurs, hormis les dépenses de santé et les restaurants qui avaient augmenté les mois d'avant, ont été de la partie en mai: des dépenses non-essentielles comme l'habillement (1,5%) jusqu'aux matériaux de construction (+2,1%).

Les légères révisions en hausse des chiffres des mois précédents font même dire à des analystes que la très mauvaise performance de la croissance au 1er trimestre (-0,7%) pourrait être révisée à la hausse.

La Fed encouragée

Ces bonnes nouvelles «corroborent notre impression que ce sera le consommateur qui va mener le rebond économique après l'horrible début d'année», concluait Harm Bandholz, d'Unicredit.

De nombreux analystes estimaient aussi que ce frémissement de la consommation allait conforter la banque centrale américaine dans son intention de relever cette année les taux d'intérêt. Le Comité de politique monétaire de la Fed se réunit la semaine prochaine mais une hausse des taux n'est attendue que pour septembre par les acteurs des marchés.

«On dirait que la plupart des conditions pour une hausse des taux se mettent en place», assurait Joel Naroff, économiste indépendant.

D'autant plus que l'inflation, l'autre critère d'ajustement de politique monétaire de la Fed avec celui de l'emploi, pourrait commencer à relever la tête. Pour la première fois depuis 10 mois, les prix à l'importation ont augmenté en mai.

Ils ont progressé de 1,3% après avoir baissé chaque mois depuis juillet dernier même si cela est surtout dû à un rebond des prix des carburants. Hors secteur pétrolier, les prix à l'importation se sont stabilisés pour la première fois en huit mois.

La Fed, qui estime qu'une inflation trop basse n'est pas saine pour l'économie, tarde de voir la hausse des prix remonter à moyen terme vers un objectif de 2%.

Hausse des prix des produits importés

Les prix des produits importés aux États-Unis ont par ailleurs augmenté en mai pour la première fois depuis dix mois, a indiqué jeudi le département du Travail.

Ils ont progressé de 1,3% après avoir baissé chaque mois depuis juillet dernier. La hausse de mai est surtout attribuable à celle des prix des carburants, l'indice des prix à l'importation hors énergie restant stable.

Sur un an, les prix des produits importés ont perdu 9,6%.

Les prix des importations de fioul qui avaient commencé de stabiliser leur chute depuis mars, ont nettement rebondi en mai, gagnant 11,8%.

Sur un an, ils ont chuté de 40%.

Hormis le secteur pétrolier, les prix des autres biens importés ont modestement augmenté. Les automobiles sont même encore dans le rouge à -0,1%. L'alimentation et les boissons ont gagné 0,3%. Cette modeste hausse est néanmoins la plus forte depuis décembre dernier.

Les matériaux industriels en revanche ont fait un bond de 5,2%, la plus forte augmentation depuis avril 2011.

Par zone géographique, les prix européens ont rebondi légèrement, affichant une hausse de 0,7% en mai, la plus forte depuis janvier. Si les prix britanniques ont gagné 0,2%, ceux de l'Allemagne sont encore négatifs (-0,1%) ainsi que ceux de la France (-0,4%).

Les prix chinois ont accusé leur plus fort retrait depuis mai 2013 à -0,3%.

Le ministère indique par ailleurs que les prix américains à l'exportation ont également rebondi, gagnant 0,6% après une chute de 0,7% le mois d'avant.

Sur un an, ils restent dans le rouge à -5,9%.

L'évolution des prix à l'importation est observée de près car elle entre dans la composition de l'indice des prix que la banque centrale américaine (Fed) voudrait voir évoluer à terme autour de 2%.

En avril, l'inflation sur un an aux États-Unis se situait à 0,1%, selon l'indice PCE basé sur les dépenses de consommation, baromètre favori de la Fed, et à -0,2% selon l'indice des prix CPI.