Les cours du pétrole ont bondi mercredi à New York à l'annonce d'une nouvelle petite baisse de la production américaine et d'une augmentation des stocks de brut moins forte que prévu aux États-Unis.

Le prix du baril de «light sweet crude» (WTI) pour livraison en mai a terminé la séance sur un gain de 3,10 dollars, à 56,39 dollars, sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), au plus haut depuis près de quatre mois.

Depuis le 8 avril, dernière séance en date de baisse des cours à New York, le prix du WTI a grimpé de quelque 12%.

À Londres, le baril de Brent pour livraison en mai, dont c'était le dernier jour de cotation, a également terminé en hausse, plus modérée, de 1,89 dollar par rapport à la clôture de mardi, à 60,32 dollars sur l'Intercontinental Exchange (ICE).

La progression de mercredi était «surtout due au petit recul de production» aux États-Unis, qui est venu confirmer la prévision sortie lundi d'un recul de 57 000 barils par jour de la production de pétrole de schiste en mai, a déclaré Matt Smith, chez Schneider Electric.

De fait, le ministère américain de l'Énergie (DoE) a annoncé mercredi que la production américaine s'était établie à 9,384 millions de barils par jour (mbj) durant la semaine achevée le 10 avril, soit un reflux de 20 000 barils par jour en une semaine. C'est la deuxième fois en trois semaines que la production affiche un petit recul.

M. Smith a relativisé la surprise provoquée par ce chiffre: «nous avions vu le nombre de puits en activité chuter de 53%, et historiquement nous savons qu'il y a un délai entre la fermeture de puits et l'impact sur la production», a-t-il dit.

Même si, selon plusieurs experts, la baisse de la production de brut avant l'été est un événement saisonnier, le recul prévu de l'offre américaine de pétrole de schiste est plutôt de bon augure.

«Cela peut paraître faible. Mais si tous les puits de forage de pétrole de schiste devaient fermer, la production déclinerait de 300 000 bj par mois. Ce chiffre de 57 000 bj représente (près de) 20% de cette baisse maximum, ce qui n'est pas négligeable», estimait Bjarne Schieldrop, analyste chez SEB.

Le marché y est d'autant plus sensible que le pétrole de schiste est considéré par certains comme la source de la surabondance mondiale actuelle de pétrole.

Le marché a également pu saluer la progression moins importante que prévu des stocks de pétrole brut aux États-Unis, abondés à hauteur de 1,3 million de barils seulement, contre 3,6 millions attendus.

Pour autant, «les réserves sont toujours au-dessus de leur niveau de l'an dernier, et cela ne veut pas dire que les États-Unis ne débordent pas de brut», a noté M. Smith. Il estime peu probable que les cours se maintiennent au niveau actuel, qu'on n'avait plus vu depuis le 23 décembre.

«On s'est un peu emballés», a-t-il dit, estimant probable une prise de bénéfices dans un futur proche.

D'autant que les réserves au terminal pétrolier de Cushing, qui sert de référence au WTI, ont continué pour leur part d'augmenter, à hauteur de 1,3 million de barils, s'approchant toujours plus du niveau de saturation.

«Cela pourrait remettre de la volatilité sur le marché» et éventuellement mener à brader le brut si on n'a plus d'espace où le stocker, a commenté Oliver Sloup chez iiTrader.com.