Un dirigeant de la banque centrale américaine (Fed) s'est dit lundi «inquiet» de propositions de lois soumettant la politique monétaire à des pressions politiques «injustifiées», au risque de restreindre son champ d'action.

«Je suis inquiet de plusieurs propositions problématiques qui soumettraient la politique monétaire à des pressions politiques injustifiées et instaureraient de nouvelles limites à la capacité de la Fed à faire face aux crises futures», a déclaré Jérôme Powell, l'un des gouverneurs de la Réserve fédérale.

Au moins trois propositions de lois déposées en janvier au Congrès visent à renforcer le contrôle des élus sur la Fed, dont l'intervention massive dans l'économie depuis fin 2008 suscite des grincements de dents dans le camp républicain.

Ces textes menacent de propulser «directement» le Congrès dans le processus de décision de politique monétaire, inversant des «décennies d'efforts» déployés par les élus eux-mêmes pour isoler la Fed des pressions politiques, plaide M. Powell, dans un discours prononcé à Washington.

Indépendante par statut, la Fed doit négocier cette année un tournant majeur en décidant si l'économie américaine est suffisamment solide pour supporter un relèvement des taux directeurs, maintenus proches de zéro depuis fin 2008 pour soutenir l'activité.

Dans son discours, le gouverneur assure que les décisions de politique monétaire prises dans l'indépendance sont «davantage couronnées de succès» et en profite pour tacler les élus, dont les divisions ont créé de nombreuses crises budgétaires.

«Ainsi que l'a montré l'histoire récente des États-Unis, les élus ont souvent défendu des mesures plus faciles servant des intérêts politiques à court terme (...) qui ont nui à la santé à long terme et à la stabilité de l'économie», assène M. Powell.

Un contrôle accru du Congrès, via son agence de supervision (GAO), «inhiberait» le débat de politique monétaire à la Fed et conduirait à des décisions «plus mauvaises», poursuit-il, jugeant suffisants les moyens de supervision actuels.

«Il est choquant d'entendre dire que la Fed mène sa mission dans le secret», clame M. Powell, citant en exemple les conférences de presse sur la politique monétaire et les auditions de ses gouverneurs devant le Congrès.