La Réserve fédérale américaine, qui régule le secteur bancaire, est attentive à l'impact d'une éventuelle hausse rapide des taux d'intérêt à court terme sur la santé des institutions financières, a affirmé la présidente de la Fed Janet Yellen, jeudi.

Participant à une réunion publique du Conseil américain de surveillance de la stabilité financière (FSOC), Mme Yellen a reconnu que les taux d'intérêt bas avaient poussé les institutions financières à «la course au rendement».

«Les bas taux d'intérêt peuvent pousser les institutions financières à la course au rendement et (...) à prendre des risques quant à la durée du portefeuille», a-t-elle indiqué. Mme Yellen a aussi affirmé que la Fed travaillait avec ces firmes pour accroître leur résistance à d'«éventuels chocs» dus à une hausse des taux.

Un des tests de résistance que la Fed impose aux grandes banques en 2015 spécifie «un scénario dans lequel les taux d'intérêt à court terme remontent et ont un impact négatif sur les coûts de financement des banques», a-t-elle précisé.

Les taux d'intérêt à court terme de la Fed sont proches de zéro aux États-Unis depuis 2008 mais, si la reprise se confirme, ils devraient commencer à être relevés en 2015.

«Un de nos buts au Comité monétaire de la Fed est de communiquer aussi clairement que possible notre politique monétaire pour éviter les surprises inutiles», a ajouté la patronne de la Fed.

La réunion du FSOC, un organe présidé par le secrétaire au Trésor qui réunit toutes les autorités de régulation financière américaine dont la Fed, la FDIC et la SEC, était notamment consacrée aux risques financiers.

Parmi ces risques nourris par l'environnement des taux d'intérêt bas, figure «un déclin persistant de la liquidité du marché», a noté Richard Berner, du Bureau de la Recherche financière (OFR).

«La dépréciation des avoirs financiers (securities) met la pression pour accroître la rentabilité des investissements pour les grandes banques», a expliqué un autre responsable du Trésor.

«Certaines institutions ont transféré leurs investissements dans des actifs de plus longue durée ou de moindre qualité», a-t-il poursuivi ajoutant que «dans un environnement de hausse substantielle des taux, la dépréciation de ces actifs pourrait réduire le capital réglementaire des banques».

Le même type de transferts est visible parmi les grands assureurs et «certaines compagnies d'assurance pourraient moins bien résister à une hausse rapide des taux d'intérêt», a souligné cet expert.

«Si les risques globaux ne sont pas élevés par rapport à ce qu'ils étaient au sommet de la crise financière, il y a des secteurs où les risques se sont intensifiés et certains indicateurs (de risques) approchent le niveau qu'ils avaient à l'approche de la crise» financière de 2008, a souligné une autre experte du Bureau de la recherche financière, mentionnant encore la durée des portefeuilles.

Le Conseil de surveillance de la stabilité financière a conclu en publiant au journal officiel une demande de commentaires publics sur les risques liés à l'industrie de la gestion d'actifs. La profession a deux mois pour répondre.