La banque centrale américaine devrait se montrer «exceptionnellement patiente» avant de procéder à une première hausse des taux quitte même à tolérer un peu d'inflation, a affirmé mercredi un responsable de la Réserve fédérale (Fed).

Charles Evans, président de l'antenne régionale de la Fed de Chicago, qui sera l'année prochaine un membre votant du Comité monétaire de la Fed (FOMC), a estimé dans un discours à Washington que «la décision de commencer à relever les taux ne devrait pas être faite de façon prématurée».

«Je crois que le plus grand risque que nous courons aujourd'hui est de resserrer les conditions monétaires trop tôt», affirme-t-il alors que les taux d'intérêt au jour le jour, fixés par la Fed, sont maintenus proches de zéro depuis fin 2008.

«Si nous estimons prématurément que l'économie des États-Unis est revenue à la normale et que nous restreignons l'assouplissement monétaire trop vite, on pourrait se retrouver dans la position très inconfortable de devoir revenir à un environnement de taux zéro», a poursuivi M. Evans.

Il a cité l'exemple du Japon qui a connu «près de 20 ans de stagnation» et qui a dû «revenir à une politique monétaire à taux zéro en 2001» après avoir «prématurément» resserré le crédit au début des années 2000. Mais il a également mis en avant la zone euro comme «un autre exemple de resserrement prématuré» en 2011. «Ils ont dû rapidement reculer lorsque la production est retombée et que l'inflation a glissé sous l'objectif», a-t-il noté. «Aujourd'hui, la zone euro fait face à une constante faiblesse économique et à un taux d'inflation à peine au-dessus d'un demi pour-cent», a-t-il conclu.

M. Evans, qui, au sein de la Fed, fait partie du camp des «colombes» plus préoccupées par la lutte contre le chômage que par les risques d'inflation, est même partisan de laisser la hausse des prix dépasser «légèrement pour quelque temps» l'objectif que s'est fixé la Fed de 2% d'inflation à moyen terme, selon l'indice PCE (actuellement de 1,6%). «Je crois que les coûts» d'un tel dépassement «sont bien moindres que ceux d'un retour à des taux zéro», affirme ce responsable.

«Nous devrions montrer une patience exceptionnelle avant d'ajuster la politique monétaire des États-Unis, au point même d'autoriser un léger dépassement de notre objectif d'inflation», a-t-il répété.

Le relèvement des taux, que la majorité des analystes prévoient pour la mi-2015, ne devrait intervenir que «lorsque nous serons persuadés d'avoir atteint durablement le plein emploi et une inflation à 2%», a-t-il encore affirmé ajoutant qu'il prévoyait que le plein emploi (correspondant à un taux de chômage autour de 5,2%) serait atteint avant l'objectif d'inflation. Le taux de sans-emploi se situe actuellement à 6,1% aux États-Unis.

M. Evans ne fait pas partie cette année des membres votants du FOMC qui décide de la politique monétaire, mais il le sera en 2015.