L'économie des États-Unis devrait avoir accéléré les créations d'emplois en août ce qui pourrait faire glisser très légèrement le taux de chômage dans le pays, estiment les analystes avant la publication des chiffres officiels de l'emploi vendredi.

Le département du Travail doit publier vendredi à 10 h 30 son rapport sur l'évolution de l'emploi et du chômage pour le mois dernier.

Selon la prévision médiane des analystes, le taux de chômage devrait reculer légèrement en août à 6,1% contre 6,2% en juillet et les créations d'emplois présenter une hausse de 6,7% à 223 000 contre 209 000.

Toutefois, l'enquête mensuelle ADP sur le secteur privé publiée jeudi s'est montrée un peu décevante annonçant 204 000 nouveaux emplois en août après 212 000 en juillet alors que les analystes en escomptaient 220 000.

«L'enquête ADP est loin d'être un parfait indicateur des créations d'emplois mais je m'en tiens à notre prévision de 225 000 nouveaux emplois», notait Paul Dales, économiste pour Capital Economics.

Le décalage moyen entre le chiffre annoncé par l'enquête et les statistiques officielles de l'emploi toujours annoncées les jours suivants a été de 35 000 au cours des deux dernières années, soulignait un autre économiste, Jim O'Sullivan, de HFE.

Parmi les bons signes récents donnés par l'économie, l'indice d'activité dans le secteur manufacturier, un secteur important pour la main-d'oeuvre a augmenté en août, gagnant 1,9 point à 59%, dépassant largement les attentes des marchés.

Même si la composante emploi de cet indice réalisé par les directeurs d'achats n'a pas progressé, vu la robuste activité manufacturière, «cela correspond à des gains importants dans le domaine de l'emploi», assurait Paul Ashworth, économiste en chef pour les États-Unis pour Capital Economics.

Présageant de l'activité industrielle dans les mois qui suivent, les commandes de biens durables en juillet ont également fait bonne figure, bondissant de 22,6%, notamment grâce au carnet de commandes bien rempli de Boeing. Les commandes industrielles ont pour les mêmes raisons enregistré une hausse record en juillet (+10,5%).

Changement dans le secteur public?

Du côté du marché immobilier, les indicateurs restent mitigés pour ce qui est des transactions, mais les dépenses de construction ont rebondi en juillet (+1,8%) tirées notamment par un retour du secteur public, notamment des États, qui en août ont investi dans la construction de routes et d'équipements scolaires.

«Cette reprise de l'activité dans la construction publique est ce qu'il y a de plus remarquable à mes yeux», commentait l'économiste indépendant Joel Naroff. «Le gouvernement a été l'obstacle le plus important à la croissance, comprimant les dépenses et les embauches. Il est clair que cela change !», a affirmé cet analyste qui assure que l'emploi repart à la hausse dans le secteur public.

Le dernier rapport de conjoncture de la Réserve fédérale (Livre beige) pour juillet et août décrit des conditions «relativement inchangées» sur le marché du travail mais mentionne des difficultés dans toutes les régions à pourvoir des postes qualifiés.

La Réserve fédérale américaine (Fed) dont le mandat est de veiller à la promotion du plein emploi dans le cadre d'une stabilité des prix, continuera aussi à observer s'il y a des signes d'amélioration au-delà du simple taux de chômage.

La présidente de la banque centrale Janet Yellen a répété récemment à Jackson Hole (Wyoming, ouest) que l'emploi «n'était pas totalement remis» et que l'amélioration du taux de chômage «surestimait» les progrès enregistrés.

Elle a indiqué que pour évaluer la santé du marché de l'emploi, la Fed prendrait aussi en compte d'autres indicateurs comme le taux d'abandon des emplois  - un signe de santé économique, selon la Fed, celui des emplois à temps partiel et le nombre de chômeurs de longue durée.