La présidente de la Réserve fédérale Janet Yellen a mis en garde mercredi contre le goût du risque sur les marchés tout en assurant que la Fed ne devait pas pour autant se focaliser sur la stabilité financière.

«Il y a des signes de prises de risques accrues dans le secteur financier et une accélération et une aggravation de ces inquiétudes pourrait nécessiter une approche plus robuste» en termes de régulation, a déclaré Mme Yellen lors d'un discours au Fonds monétaire international (FMI).

La présidente de la Fed a reconnu que la politique de taux bas adoptée depuis 2008 pour soutenir l'économie avait pu augmenter les «incitations» pour les investisseurs à se lancer dans une «course au rendement» au risque de nourrir des poches d'instabilité financière.

Selon elles, certains indicateurs, comme la baisse des taux d'intérêt demandés aux entreprises sur leurs titres de dette, montrent que les investisseurs «sous-estiment» le risque de pertes à l'avenir.

Face à ces risques, Mme Yellen a toutefois estimé que la banque centrale américaine ne devait pas se détourner de sa mission première --assurer la stabilité des prix et garantir le plein emploi-- pour se focaliser sur la stabilité financière.

«Pour le moment, je ne vois pas de nécessité pour la politique monétaire de dévier de sa mission d'atteindre la stabilité des prix et le plein emploi pour s'attaquer aux inquiétudes sur la stabilité financière», a-t-elle détaillé.

Selon certains experts, la Fed pourrait être tentée de relever ses taux afin d'atténuer sa politique de «l'argent facile» et réduire les risques financiers.

Pour l'heure, une première remontée des taux n'est pas attendue avant la mi-2015.

Selon Mme Yellen, la politique monétaire ne peut en réalité avoir qu'un impact «limité» sur les vulnérabilités financières qui doivent, en premier lieu selon elle, être traitées par des mesures de régulation et de supervision.

La présidente de la Fed a ainsi assuré qu'un resserrement de la politique monétaire par une hausse des taux aurait été insuffisante pour éteindre les prémices de la crise financière de 2007-2008.

«Une telle approche aurait été insuffisante pour s'attaquer à l'ensemble des vulnérabilités» mises au jour par la crise, a-t-elle affirmé.

En réponse aux questions de la patronne du FMI, Christine Lagarde, la présidente de la Fed a par ailleurs reconnu que la politique monétaire américaine avait des «répercussions», parfois déstabilisatrices, sur le reste du monde et notamment sur les pays émergents.

Au printemps 2013 et au début 2014, les spéculations sur une remontée des taux aux États-Unis ont provoqué un reflux de capitaux hors des grands pays émergents (Brésil, Turquie...), plombant leur économie et leur devise.

«Nous prêtons évidemment attention aux répercussions» à l'étranger, a déclaré Mme Yellen, tout en précisant que le mandat donné à la Fed se concentrait sur le marché intérieur.

Selon la présidente, la banque centrale américaine «s'efforce d'éviter de causer du tort» à d'autres pays quand elle a recours aux instruments de politique monétaire.

Mme Yellen s'est ainsi engagée à faire «tout son possible» pour que les transitions se fassent en douceur tout en estimant que les répercussions étaient «dans une certaine mesure» inévitables.