L'assureur américain AIG, sauvé de la faillite par l'État fédéral lors de la crise financière, a nommé en avance sur son calendrier l'ancien banquier Peter Hancock, 55 ans, au poste de directeur général.

Il va succéder à Robert Benmosche, 69 ans, crédité du renouveau du premier assureur américain mais qui a émis son souhait de se retirer parce qu'il souffre d'un cancer.

M. Hancock, qui va aussi entrer au conseil d'administration, était en concurrence avec un autre candidat en interne Jay Wintrob, 57 ans.

Ce dernier est à la tête de la division assurance vie et retraite, dont tous les signaux sont au vert, alors que la très stratégique division assurance-dommages que dirigeait jusqu'ici M. Hancock est à la peine.

«Au moment où AIG entre dans une période de gros changements et d'opportunités, nous sommes persuadés que Peter Hancock est exceptionnellement qualifié pour mener l'entreprise et ses salariés à de futurs succès», a justifié le président du conseil d'administration Robert Miller, cité dans un communiqué.

«Je suis profondément honoré d'endosser ces responsabilités», s'est réjoui M. Hancock, diplômé de l'université d'Oxford, qui a grandi à Hong Kong.

Peter Hancock avait été débauché de la banque JPMorgan Chase en 2010, beaucoup voyant alors une façon de le préparer à prendre le relais après M. Benmosche.

Quant à M. Benmosche, il va conserver un lien avec l'entreprise en devenant conseiller du nouveau directeur général et des autres hauts dirigeants du groupe, est-il indiqué dans le communiqué.

Si la nomination de M. Hancock n'est pas une grosse surprise, elle intervient tout de même bien en avance sur le calendrier prévu. M. Benmosche prévoyait de passer la main au début de l'année 2015 pour passer davantage de temps dans son vignoble en Croatie.

180 milliards d'aides publiques 

M. Benmosche, qui avait pris les rênes de l'assureur à la peine à l'été 2009, a permis au groupe de remonter la pente après son sauvetage public, au prix d'une douloureuse restructuration marquée par des cessions d'actifs et des réductions de coûts.

Au plus fort de la crise financière, AIG avait reçu 180 milliards de dollars du gouvernement fédéral, des fonds qu'il a, depuis, remboursés.

L'assureur avait fait de mauvais paris sur les produits financiers adossés à des prêts immobiliers à l'origine de la crise de 2008-2009.

Pour s'en remettre, il s'est recentré sur son coeur de métier, l'assurance et les services de retraite et s'est restructuré.

Il a vendu des actifs comme l'ex-filiale internationale AIA et sa filiale de location-vente d'avions ILFC finalement cédée l'an dernier pour 5,4 milliards de dollars après quatre ans de mise en vente. AIG avait passé une perte comptable de 4,4 milliards de dollars dans ses comptes en 2012, en raison de dépréciations de valeur de ce dernier actif.

L'assureur a également procédé à de nombreux licenciements et a vu son chiffre d'affaires être réduit de moitié par rapport à la période précédant la crise financière. Il a réalisé un bénéfice net de 1,60 milliard de dollars au premier trimestre.

Fort de sa santé retrouvée, AIG a recommencé à choyer ses actionnaires, en leur versant dividendes et en rachetant ses propres actions. La semaine dernière, l'assureur a annoncé qu'il allait racheter jusqu'à 2 milliards de dollars de ses propres actions.

A Wall Street, le titre AIG bougeait peu dans les échanges électroniques suivant la clôture officielle de la séance. Il reculait de 0,20% à 54,90 dollars vers 17h40.