Le taux de chômage aux États-Unis a chuté de façon spectaculaire en avril pour atteindre son plus faible niveau depuis septembre 2008, témoignant d'un rebond après un hiver rigoureux qui a freiné l'activité.

Il s'est établi à 6,3% en avril, contre 6,7% en mars, tandis que l'économie a créé plus d'emplois que prévu, à 288.000, marquant la plus forte poussée depuis plus de deux ans, selon les chiffres publiés vendredi par le département du Travail.

Les analystes s'attendaient à un recul du taux de chômage au sortir de l'hiver mais ils ont été surpris par son ampleur.

La Maison-Blanche a aussitôt salué des chiffres de l'emploi «solides» tout en ajoutant que beaucoup «restait à faire» pour soutenir la reprise, notamment en augmentant les investissements dans les infrastructures et en relevant le salaire minimum.

Le nombre de chômeurs s'établit désormais à 9,8 millions, en chute de 733 000, à la faveur de créations d'emplois dans de nombreux secteurs.

Les services aux entreprises affichent ainsi 75 000 nouvelles embauches, le commerce de détail 35 000, la restauration 33 000 et le bâtiment 32 000.

Part de mystère 

Mais cette embellie a sa part de mystère. Le taux de participation de la population active -- qui regroupe les personnes ayant un emploi et celles qui en recherchent un activement -- a reculé de 0,4 point de pourcentage, soit 806 000 personnes, pour s'établir à 62,8%, son plus bas niveau depuis 36 ans.

Pour Doug Handler, d'IHS Global Insight, «c'est le principal facteur» qui a mathématiquement fait glisser le taux de chômage.

Le ministère demeure circonspect sur ce point. Les «données dans les mois à venir devraient fournir davantage d'éclairage sur l'évolution du marché de l'emploi», a simplement indiqué Erica Groshen, responsable du Bureau des statistiques de l'emploi.

Selon Sal Guatieri, économiste pour BMO Capital markets, cela reflète le fait qu'un nombre croissant de personnes ont quitté le marché de l'emploi, notamment pour prendre leur retraite.

Chris Low, chef économiste de FTN Financial, s'est montré plus sceptique. «Alors que le taux d'épargne pour la retraite a fondu plus rapidement que jamais, je ne vois pas comment les baby-boomers partent plus tôt à la retraite sans y être forcés» par le manque d'emplois, a-t-il indiqué lors d'une conférence téléphonique.

Il rappelle que dans des États comme le Texas ou le Dakota du Nord où l'activité est en forte expansion, «le taux de participation est en hausse, pas en diminution».

En outre, en avril, l'augmentation du salaire horaire moyen a été nulle. Si l'on prend en compte l'inflation, la croissance réelle annuelle des salaires est «extrêmement faible», notait M. Low.

Un signe pour la Fed? 

En reculant à 6,3%, le taux de chômage tombe en tout cas sous la barre des 6,5% que la Réserve fédérale (Fed) considérait jusqu'en mars comme le seuil au-dessous duquel elle pouvait envisager une éventuelle hausse des taux d'intérêt, qui demeurent proches de zéro depuis fin 2008.

Depuis mars, la Fed a toutefois abandonné ce seuil, le considérant comme caduc alors que l'emploi se redressait lentement tandis que l'inflation demeure trop faible pour envisager une hausse des taux.

Depuis la récession de 2008-2009 qui a fait suite à la crise financière, le taux de chômage est tombé de son pic de 10% atteint en octobre 2009 à 6,3%.

«On comprend mieux pourquoi les marchés et la Fed n'étaient pas inquiets de la quasi-stagnation de l'activité économique au premier trimestre» pendant lequel la croissance américaine s'est établie à 0,1% en rythme annualisé,  estimait Paul Ashworth, chef économiste pour Capital Economics.

Selon cet expert, le dynamisme inattendu du marché de l'emploi ne devrait pas conduire la Fed à «accélérer» le retrait de son soutien monétaire à l'économie qu'elle a entamé en janvier.

Ses injections de liquidités se situent désormais à 45 milliards de dollars mensuels contre 85 milliards à la fin de l'année dernière. La Fed entend clore ce soutien exceptionnel «par étapes mesurées» à la fin de cette année.