La Banque centrale américaine (Fed) a réduit une nouvelle fois mercredi son soutien monétaire à l'économie des États-Unis, qui a marqué le pas en début d'année mais qui devrait se ressaisir au deuxième trimestre.

Les taux d'intérêt au jour le jour sont demeurés inchangés, proches de zéro, comme ils le sont depuis fin 2008.

Présidé pour la deuxième fois par Janet Yellen qui a pris les rênes de la Réserve fédérale en février, le Comité de politique monétaire (FOMC) a sans surprise décidé de diminuer de dix milliards de dollars supplémentaires ses injections de liquidités dans le système financier, destinées à soutenir la reprise.

Ces injections, sous forme d'achats d'actifs, s'élèveront désormais à 45 milliards de dollars mensuels et la Fed entend poursuivre leur réduction «par étapes mesurées».

À partir de mai, la Fed achètera donc pour 20 milliards de dollars en créances immobilières par mois au lieu de 25 milliards, ainsi que des bons du Trésor pour 25 milliards au lieu de 30 milliards.

La banque centrale a ainsi fait la moitié du chemin vers la suppression d'ici la fin de l'année de son programme non-conventionnel d'assouplissement monétaire. De septembre 2012 à décembre 2013, elle a injecté 85 milliards de dollars par mois dans le circuit financier pour soutenir la reprise.

La Fed estime en outre que «la croissance de l'activité économique s'est accélérée récemment après avoir brusquement ralenti pendant l'hiver, partiellement en raison des conditions climatiques difficiles».

Les indicateurs du marché du travail sont «mitigés» mais dans l'ensemble s'améliorent, ajoute le Comité monétaire qui note également que les dépenses des ménages augmentent «plus rapidement». Le FOMC souligne toutefois que la reprise du marché immobilier demeure «lente».

Pas d'objectif chiffré de chômage

Comme lors de sa précédente réunion le 19 mars, le Comité monétaire affirme que ce niveau très bas des taux d'intérêt pourrait le rester «pendant une période considérable» après la fin du programme d'achats d'actifs, spécialement si l'inflation demeure sous l'objectif de 2%.

Comme en mars, le communiqué du FOMC répète aussi que pour prendre une décision sur les taux la Fed «évaluera les progrès» de l'économie vers les objectifs de plein emploi - sans préciser un niveau de taux de chômage, et d'inflation annuelle à 2%.

Au premier trimestre, la croissance de l'économie américaine a été anémique affichant un médiocre 0,1%, après une croissance de 2,6% au trimestre d'avant, selon des chiffres publiés mercredi par le département du Commerce. Ce coup de frein est essentiellement attribué aux conditions hivernales exceptionnelles qu'a connues le pays.

«Cette estimation du PIB est sujette à plusieurs influences notables, notamment un hiver historiquement sévère qui a, provisoirement, affaibli la croissance», a estimé la Maison-Blanche dans un communiqué.

Pour l'économiste d'IHS Global Insight Paul Edelstein, les derniers indicateurs laissent espérer «un changement et un rebond durable de la croissance au-dessus de 2,5% pour le début du deuxième trimestre».

Lors de sa dernière conférence de presse en mars, Mme Yellen a clairement fait savoir que si l'économie le permettait, elle entendait mettre un terme à l'aide exceptionnelle de la Fed à la reprise d'ici la fin de l'année.

Au total, la Fed aura ainsi injecté dans l'économie plus de 3.500 milliards de dollars via l'achat de bons du Trésor et de titres hypothécaires.

Vendredi le département du travail publiera les chiffres de l'emploi. Les analystes s'attendent à une modeste réduction du taux de chômage à 6,6% contre 6,7% en mars. Ils estiment que l'économie a créé en avril 210 000 emplois nets contre 192 000 le mois d'avant.

Signe positif, les créations d'emplois du seul secteur privé, publiées mercredi par ADP, se sont élevées à 220 000 en données corrigées des variations saisonnières, en hausse de 5,9% par rapport à mars.

Les membres du Comité monétaire ont voté ces décisions à l'unanimité.