Le marché de l'emploi aux États-Unis est enfin sorti de sa léthargie hivernale en mars affichant de solides, si ce n'est spectaculaires, créations d'emplois même si le taux de chômage est resté stable.

L'économie a créé 192 000 emplois le mois dernier, très légèrement en dessous des attentes des analystes, et le taux de chômage est demeuré inchangé à 6,7%, selon les chiffres du département du Travail publiés vendredi.

«Maintenant que l'asthénie liée aux conditions météo est derrière nous, nous prévoyons que les gains mensuels d'emplois resteront désormais autour de la barre des 200 000 ce qui va faire baisser le chômage de façon graduelle et permettre à la Réserve fédérale de continuer à réduire ses injections de liquidités», indiquait Paul Ashworth, chef économiste pour les États-Unis de Capital Economics.

Au rang des bonnes nouvelles, les créations d'emplois des deux mois précédents ont été révisées en hausse de 37 000 prouvant que l'impact des rudes conditions climatiques n'a pas été aussi sévère qu'attendu. «Ce ne sont pas les travailleurs qui étaient sans travail, mais les responsables des ressources humaines qui, débordés, avaient du mal à répondre aux enquêtes sur l'emploi du ministère», diagnostiquait Chris Low, de FTN Financial.

Le niveau des créations d'emplois nettes est encore loin des 274 000 enregistrées en novembre, mais sur un an, l'économie a créé en moyenne 183 000 emplois par mois.

«C'est bien assez pour faire continuer à faire baisser le taux de chômage à moins que la participation à la force de travail n'augmente rapidement», a commenté Ian Shepherdson, de Pantheonmacroeconomics.

Car l'autre bonne nouvelle est la remontée de la force de participation au travail, une mesure qui regroupe la part de la population active qui a un emploi et celles qui en recherchent un activement. À 63,2% (+0,2 point) elle atteint son niveau le plus haut depuis septembre.

Cela montre un regain de confiance dans l'économie puisque davantage de travailleurs découragés reviennent sur le marché du travail pour chercher un emploi. Ils sont donc à nouveau comptabilisés comme des chômeurs, ce qui explique que malgré les créations d'emplois, le taux de chômage n'ait pas bougé comme l'espéraient les analystes.

Confiance grandissante dans l'emploi

«C'est synonyme d'une confiance grandissante dans les perspectives d'emplois qui devrait se traduire tôt ou tard par une accélération des embauches», assure Harm Bandholz, chef économiste pour les États-Unis chez UniCredit.

Signe supplémentaire que l'économie a tourné la page des conditions climatiques extrêmes de cet hiver particulièrement rude, la durée moyenne hebdomadaire du travail a fait un bond de 0,6% à 34,5 heures, retrouvant son niveau de novembre.

Toute la croissance en terme d'emplois est venue du secteur privé qui dépasse désormais le niveau d'emplois de décembre 2007 avant la crise, souligne le ministère.

«Le secteur privé a perdu 8,8 millions d'emplois» pendant la récession «et en a créé 8,9 millions depuis février 2010, lorsque l'emploi était à son plus bas», notent les services du département du Travail.

La Maison-Blanche a réagi à ces chiffres en affirmant que «même si les données montrent que la reprise se poursuit, le président Obama estime qu'il est nécessaire de prendre encore des mesures pour renforcer la croissance et la création d'emplois». L'administration démocrate pousse les élus à reconduire l'indemnisation des chômeurs de longue durée et à adopter une augmentation du salaire minimum.

Des gains d'emplois sont enregistrés dans les services, la santé, la restauration, le commerce de détail et le bâtiment. Mais le secteur manufacturier a perdu un millier d'emplois nets, la première perte depuis juillet.

Le secteur public n'a pas embauché, une réduction de 9000 postes au sein de l'administration fédérale ayant à peine été compensée par une addition de 8000 postes au niveau des États.

L'emploi au sein du secteur public est encore en dessous de son niveau d'avant la récession (-535 000).

«Dans l'ensemble c'était un rapport de l'emploi décent, mais pas génial», commentait l'économiste indépendant Joel Naroff. «J'espérais quelque chose de mieux, mais je sais que ça va venir».