Baisse de la pauvreté mais emplois perdus: l'administration de Barack Obama et ses adversaires républicains se sont emparés mardi d'un rapport sur les effets d'une hausse du salaire minimum aux États-Unis, chaque camp y puisant des arguments.

Le Bureau du budget du Congrès (CBO), un organisme public indépendant et respecté dont les attributions sont comparables à celles de la Cour des comptes en France, a étudié l'hypothèse d'une généralisation d'une hausse du salaire minimum horaire fédéral à 10,10 dollars, contre 7,25 dollars à l'heure actuelle.

Le président Obama soutient une telle hausse et a même signé un décret il y a une semaine portant à 10,10 dollars le salaire des contractuels de l'État fédéral dont le contrat sera établi ou renouvelé à partir du 1er janvier 2015. Il avait alors fait valoir que le pouvoir d'achat du salaire minimum américain, qui n'est pas indexé sur l'inflation, avait régressé de 20% en un tiers de siècle.

Mais seul le Congrès, où les républicains sont en position de force, a le pouvoir de voter une telle hausse pour tous les salariés.

Dans son rapport, le CBO affirme qu'une hausse du salaire minimum à 10,10 dollars, étalée dans son application jusqu'à la mi-2016, permettrait sans doute à 900 000 personnes de sortir de la pauvreté. En revanche, elle «réduirait l'emploi de 500 000 personnes, ou 0,3%».

La Maison-Blanche a estimé que «les conséquences sur l'emploi seraient quasiment nulles» et préféré insister sur le fait que «le rapport conclut que 16,5 millions d'employés bénéficieraient d'une hausse de salaire» dans ce cas, selon le principal conseiller du président Obama pour l'économie, Jason Furman.

De son côté, le bureau du président républicain de la Chambre des représentants John Boehner, a affirmé que «le rapport confirme ce que nous savons depuis longtemps: augmenter les salaires aide certaines personnes mais se révèle coûteux, notamment avec moins de personnes qui travaillent».

La Maison-Blanche avait déjà été mise sur la défensive début février par un rapport du CBO qui avait conclu que la réforme de l'assurance-maladie, pièce maîtresse du bilan social de M. Obama, se traduirait par l'équivalent de deux millions d'emplois non créés d'ici à 2017. La présidence avait soutenu que ce rapport avait été mal interprété.