Pour ses premiers mots à la tête de la Banque centrale des États-Unis (Fed), Janet Yellen a défendu mardi «la continuité» de la politique monétaire américaine, notant que la reprise de l'emploi était encore «incomplète».

«Je m'attends à une grande part de continuité dans l'approche de la politique monétaire», a déclaré Mme Yellen, première femme à diriger la Fed, devant une commission du Congrès américain.

Attendues avec fébrilité par les marchés, ses premières déclarations publiques se sont inscrites sans ambiguïté dans les pas de son prédécesseur, Ben Bernanke, qui a apporté depuis 2008 un soutien monétaire massif à l'économie des États-Unis avant de commencer en décembre à réduire cette aide monétaire.

Au cours d'une audition-fleuve devant la commission des finances de la Chambre des représentants, Mme Yellen, 67 ans, a notamment assuré que la Fed continuerait «probablement de réduire ses achats d'actifs par étape mesurée». La prochaine réunion du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) est prévue les 18 et 19 mars.

Sur fond de relative embellie économique aux États unis, la Banque centrale a commencé à réduire ses achats mensuels d'actifs, de 85 milliards en décembre à 65 milliards de dollars actuellement.

Intronisée début février, celle qui était déjà vice-présidente de l'institution depuis 2010 a aussi estimé qu'une «politique hautement accommodante», consistant à maintenir les taux directeurs de la Fed proches de zéro, resterait appropriée «bien après» le recul du taux de chômage à 6,5%.

Ce chiffre a été un temps présenté comme le seuil attendu par la Fed pour éventuellement agir sur ses taux. Le niveau du chômage est descendu à 6,6% en janvier.

«Course au rendement»

Pour justifier le maintien de ce cap, Mme Yellen a affirmé qu'elle ne s'attendait qu'à une «progression modérée» de l'activité économique et de l'emploi cette année et l'année prochaine.

L'économie des États-Unis a progressé 3,2% au quatrième trimestre en rythme annualisé.

«La reprise du marché de l'emploi est loin d'être complète» et le taux de chômage «reste bien au-dessus des niveaux que le FOMC considère proche du plein emploi», a ajouté Mme Yellen citant le «grand nombre» des chômeurs de longue durée et des salariés contraints au temps partiel.

«Nous avons observé une augmentation des inégalités» ainsi qu'une «croissance quasi-nulle des salaires», a-t-elle également souligné encourageant le Congrès par exemple à débattre de mesures soutenant des projets d'infrastructure pour stimuler l'emploi.

Selon elle, la Fed ne peut à elle seule panser les maux de l'économie américaine. «Nous essayons de faire ce que l'on peut avec la politique monétaire pour soutenir une reprise économique plus rapide» mais «la politique monétaire n'est pas la panacée», a dit la première démocrate à présider la Fed depuis 1987.

Elle s'est dit elle-même surprise par les chiffres décevants des créations d'emplois en décembre et janvier. «Mais il ne faut pas en tirer de conclusions hâtives», a-t-elle ajouté, citant notamment les conditions hivernales exceptionnelles.

Mme Yellen a également souligné que la Banque centrale «observait attentivement» la volatilité des marchés financiers mondiaux, alors que les monnaies de plusieurs pays émergents ont connu récemment des corrections sévères.

La présidente de la Fed a simplement noté «qu'à ce stade», cette volatilité «ne posait pas de risque substantiel pour les perspectives économiques américaines».

Interrogée sur la formation possible de bulles financières, Mme Yellen a rejeté cette hypothèse tout en reconnaissant qu'une politique de taux bas encourageait «une course au rendement» des investisseurs et qu'il y avait un «potentiel» pour que des bulles spéculatives se développent.

«La valeur du marché boursier s'est très substantiellement accrue l'année dernière (...) mais les mesures traditionnelles d'évaluation ne suggèrent pas que les prix soient entrés dans le territoire d'une bulle» financière, a-t-elle affirmé.

Concernant le rôle de régulateur de la Réserve fédérale, Mme Yellen a indiqué que les résultats d'un nouveau round de tests de résistance réalisés auprès des 30 plus grandes banques seraient connus en mars.