Janet Yellen a été confirmée lundi par le Sénat américain au poste de présidente de la banque centrale des Etats-Unis (Fed) et deviendra le 1er février la première femme à diriger la puissante institution.

À 56 voix contre 26, les sénateurs ont approuvé la désignation de Mme Yellen, l'actuelle vice-présidente de la Fed, qui succédera à Ben Bernanke à la fin de son second mandat de quatre ans.

Nommée début octobre par le président Barack Obama, cette économiste de formation de 67 ans s'apprête désormais à entrer dans le cercle fermé des grands dirigeants du globe dont les moindres déclarations sont scrutées à la loupe.

«Le président de la Réserve fédérale n'est pas seulement l'un des dirigeants politiques les plus importants aux États-Unis, il est l'un des plus importants dirigeants politiques au monde», assurait M. Obama en août dernier.

Le président américain avait un temps songé à confier ce prestigieux poste à Larry Summers, un ancien secrétaire au Trésor de l'administration Clinton, mais y avait finalement renoncé face à l'hostilité d'une partie des élus, notamment démocrates.

Plus consensuelle et jusque-là moins exposée au feu médiatique, Mme Yellen va pendre les rênes de la Réserve fédérale à un moment charnière où l'institution a amorcé une réduction du soutien massif qu'elle apporte à l'économie américaine depuis la crise de 2008.

Mi-décembre, la Fed a décidé d'abaisser de 85 à 75 milliards de dollars le montant des liquidités qu'elle injecte chaque mois dans le circuit financier pour tenter de fluidifier le crédit.

À en croire M. Bernanke, Mme Yellen a «pleinement soutenu» cette décision qui avait pris de court les marchés et pourrait sonner pour eux le début de la fin de l'ère de l'argent facile.

L'emploi en priorité

Une fois installée à la présidence, Mme Yellen devra progressivement mettre un terme à ce dispositif sous l'oeil inquiet des marchés et de pays émergents qui redoutent un mouvement de fuite des capitaux hors de leur territoire.

À plus long terme, elle devra accompagner la normalisation progressive de la politique monétaire et s'assurer qu'une future remontée des taux d'intérêts directeurs de la Fed, maintenus proches de zéro depuis fin 2008, se fasse sans heurts.

«Il serait coûteux d'arrêter l'assouplissement monétaire trop tôt», avait-elle lancé à la mi-octobre lors de son audition devant une commission du Sénat.

Comme son prédécesseur, cette ex-conseillère économique du président Clinton s'efforcera de trouver le rythme adéquat, tout en répondant aux détracteurs de la Fed qui assurent que sa politique favorise la création de bulles financières sans profiter aux classes moyennes.

«Les bienfaits pour l'Américain moyen sont au mieux incertains», a dénoncé lundi le sénateur républicain Chuck Grassley, qui a voté contre la confirmation de la dirigeante.

Dans un communiqué, Barack Obama a, au contraire, affirmé que  Mme Yellen avait déjà «contribué» à sortir le pays de la récession et qu'elle «défendrait» les salariés américains et «protégerait» les consommateurs une fois installée aux commandes de la Fed.

Sa tâche ne sera pas aisée mais Mme Yellen pourra au moins s'appuyer sur la récente embellie de la conjoncture aux Etats-Unis.

La croissance du produit intérieur brut américain s'est nettement accélérée au troisième trimestre à 4,1% en rythme annualisé après avoir calé à 2,5% au cours des trois précédents mois.

Le taux de chômage est par ailleurs retombé en novembre à son plus bas taux en cinq ans, à 7%, même si le problème des chômeurs de longue durée est loin d'avoir disparu.

La question de l'emploi devrait d'ailleurs être une des priorités de Mme Yellen, qui est vue au sein de la Fed comme une «colombe», davantage focalisée sur le chômage et la croissance que sur l'inflation.

«Notre politique veut profiter à tous les Américains, spécialement ceux qui n'ont pas d'emploi et leur famille», avait-elle ainsi lancé en novembre.

La nouvelle présidente aura quelques semaines pour préparer son premier grand oral prévu les 18 et 19 mars lors de la prochaine conférence de presse consacrée à la politique monétaire de la Fed.