Janet Yellen, qui doit prendre la tête de la Banque centrale américaine (Fed), a estimé mercredi qu'il fallait continuer à soutenir la reprise aux États-Unis, le chômage étant  «trop haut» et l'économie «loin de son potentiel».

«Je crois que soutenir l'économie aujourd'hui est le plus sûr chemin vers un retour à une approche plus normale de la politique monétaire», a-t-elle indiqué dans le discours qu'elle prononcera jeudi lors de son audition au Congrès et qui a été transmis à la presse mercredi.

Selon elle, «une forte reprise permettra finalement à la Fed de réduire son assouplissement monétaire et l'usage de ses outils non-conventionnels tels que les achats d'actifs».

En plus de maintenir son taux directeur proche de zéro, la Fed soutient de façon exceptionnelle la reprise économique des États-Unis en dépensant 85 milliards de dollars par mois depuis un an, en bons du Trésor notamment, pour pousser les taux à la baisse.

Sur l'état de l'économie, Mme Yellen a déclaré que «de bons progrès» avaient été faits mais elle a estimé qu'il fallait «aller plus loin pour regagner le terrain perdu pendant la crise et la récession» de 2008-2009.

«A 7,3% en octobre, le chômage est encore trop haut, reflétant un marché du travail et une économie dont les performances sont loin de leur potentiel», poursuit-elle.

La candidate de Barack Obama à la présidence de la banque centrale, qui est déjà numéro 2 de la Fed depuis 2010, est considérée comme une «colombe», dans le jargon des observateurs de la Fed, c'est-à-dire qu'elle est davantage préoccupée par le chômage que par l'inflation.

Elle a pris soin de souligner que «l'inflation est en-dessous de la cible de 2% de la Réserve fédérale et devrait continuer à rester ainsi pour quelque temps».

Lors de son audition devant la Commission bancaire du Sénat jeudi, Mme Yellen devra défendre la politique ultra-accommodante de la Fed critiquée par certains républicains, mais sa confirmation par les élus ne fait guère de doute.

«Je prédis qu'elle sera confirmée», a affirmé mercredi un sénateur républicain de la Commission, Bob Corker, pourtant critique de la politique de la Réserve fédérale.

«Nous avons besoin de son expertise à la tête de la Fed pour que notre nation continue de se relever de la Grande récession, finisse les réformes de Wall Street et poursuive le renforcement du secteur financier», a pour sa part déclaré le président de la Commission, le démocrate Tim Johnson.

Sur ce point, Mme Yellen a rappelé son engagement «à user du rôle de régulateur de la Fed pour réduire la menace d'une autre crise financière».

Elle a mentionné les nouvelles règles de capitaux et de liquidités réclamées aux géants bancaires pour éviter le recours à l'aide publique en cas de faillite («too big to fail»).

Dans cette brève allocution de trois pages, Mme Yellen, 67 ans, qui cite plusieurs fois Ben Bernanke, s'est félicité que la Fed soit «devenue une institution plus ouverte et transparente», une stratégie qu'elle s'est engagée à poursuivre.

Si elle est confirmée par le Sénat, Mme Yellen prendra la succession de Ben Bernanke le 31 janvier.