L'agence de notation Fitch a annoncé mardi qu'elle envisageait d'abaisser la note de la dette des États-Unis, actuellement la meilleure possible à AAA, en raison de la crise politique à Washington sur le relèvement du plafond de la dette.

Fitch a placé la dette souveraine à long terme des États-Unis sous «surveillance négative», expliquant que «les autorités américaines n'ont pas relevé le plafond de la dette en temps voulu, avant que le Trésor n'épuise ses mesures extraordinaires».

Alors qu'un compromis de la dernière heure ne paraissait pas se concrétiser au Congrès, le Trésor a averti qu'en l'absence d'un relèvement du plafond de la dette, il aura épuisé toutes ses capacités à emprunter le 17 octobre. Il ne lui restera qu'une trésorerie d'environ 30 milliards de dollars avec des paiements plus importants se profilent à l'horizon.

Bien que Fitch «continue de croire que le plafond de la dette va être relevé bientôt, les gesticulations politiques et la réduction de la marge de manoeuvre financière pourraient accroître le risque d'un défaut des États-Unis», affirme-t-elle.

Le Trésor a encore une capacité limitée à faire des paiements après le 17 octobre, note l'agence, «il pourrait toutefois être exposé aux flux volatils des revenus et dépenses».

L'administration du président démocrate Barack Obama a accueilli cette annonce avec flegme. «Cette annonce reflète l'urgence avec laquelle le Congrès devrait agir pour ôter cette menace de défaut qui pèse sur notre économie», a réagi un porte-parole du Trésor.

«L'annonce montre bien que la décision de Fitch est seulement liée aux gesticulations politiques et pas aux conditions économiques des États-Unis», a ajouté le porte-parole. «C'est un défi politique qui peut être facilement résolu si le Congrès vote le relèvement du plafond de la dette et rouvre le gouvernement».

Fitch note encore que «les négociations prolongées sur le plafond de la dette, après l'épisode d'août 2011, risquent de saboter la confiance dans le rôle qu'a le dollar comme principale monnaie de réserve». L'agence relève pourtant que les fondamentaux de l'économie américaine sont «forts».

L'agence de notation franco-américaine est la plus petite des agences de notation financière après Standard & Poors (S&P) et Moody's.

En août 2011, lors de la précédente crise sur le relèvement du plafond de la dette, S&P avait provoqué une déflagration en retirant aux États-Unis leur «AAA», qui leur permettait en principe d'emprunter sur les marchés au coût minimum. En leur accordant la note «AA+», l'agence sanctionnait ainsi de longs mois de blocage politique qui menaçaient de provoquer un défaut de paiement du pays.

Dans un communiqué publié au début du mois, à l'annonce de la fermeture partielle des services de l'État pour cause de blocage au Congrès sur le budget, S&P avait maintenu sa note AA+, avec perspective stable.

«Si le gouvernement manquait à honorer le service de sa dette, nous baisserions la notation de la dette souveraine à +défaut sélectif+», indiquant que les États-Unis ont fait défaut sur une ou plusieurs de leurs obligations financières, avait-elle néanmoins prévenu.

Quant à Moody's, elle a relevé en juillet la perspective de la note des États-Unis, de «négative» à «stable», tout en confirmant la note «AAA», la meilleure possible.

La semaine dernière, elle s'est inquiétée des risques d'une crise sur le plafond de la dette. «L'échec du Congrès à relever le plafond de la dette présente théoriquement une plus grande menace (qu'en 2011) pour la capacité du gouvernement à honorer le service de sa dette», indiquait Moody's.

L'agence n'envisageait cependant à aucun moment que les États-unis puissent perdre leur «AAA»: «nous continuons de croire que le gouvernement va honorer le paiement de sa dette en priorité», indiquait-elle.