Le président Barack Obama a mis en garde ses adversaires républicains lundi dans la perspective des combats budgétaires de l'automne, en marquant le cinquième anniversaire de la crise financière de 2008.

Cette crise s'était produite dans les dernières semaines de la campagne présidentielle de 2008. «Lorsque j'ai pris mes fonctions (en janvier 2009), l'économie se contractait à un rythme annuel de huit pour cent», a rappelé le président lors d'une intervention à la Maison-Blanche.

Revenant sur les mesures urgentes de stabilisation entreprises au début de son mandat, notamment un plan de relance massif de l'économie et un autre de sauvetage du secteur automobile, M. Obama a assuré que «nous avons déblayé les décombres de la crise financière et commencé à poser les nouvelles bases pour la croissance et la prospérité».

Mais alors que la croissance reste faible et le taux de chômage encore plus de deux points supérieur au niveau d'avant la récession de 2007-2009, M. Obama a appelé à établir «davantage d'échelles d'accès» à la classe moyenne, et à mieux partager les fruits de la croissance entre revenus modestes et élevés.

Le président, qui a obtenu à l'arraché en début d'année un alourdissement des impôts pour les plus aisés, bénéficiaires de cadeaux fiscaux accordés par son prédécesseur républicain George W. Bush, souhaite encore supprimer des niches fiscales pour les grandes entreprises et les ménages les plus prospères.

Budget, dette et assurance maladie

Son projet de budget pour 2013-2014 reflète ces ambitions. Mais ce texte est rejeté par les républicains, majoritaires à la Chambre des représentants, assemblée qui a la haute main sur toutes les mesures engageant des dépenses.

Or, le temps presse, car l'année budgétaire en cours se termine à la fin du mois, et faute de texte adopté par la Chambre et le Sénat en termes identiques, le gouvernement fédéral sera contraint de cesser ses activités «non essentielles». Des centaines de milliers de fonctionnaires seraient alors mis au chômage.

Les républicains, attachés en particulier à des coupes dans les dépenses sociales pour réduire le déficit, se sont affrontés sporadiquement avec M. Obama sur le budget depuis qu'ils ont reconquis la Chambre début 2011. À chaque fois, des accords de dernière minute ont été conclus, mais cette année plusieurs échéances lourdes de menaces se télescopent.

Outre le budget, le Congrès va devoir voter un relèvement du plafond de la dette, alors que le Trésor a prévenu qu'il aurait épuisé ses mesures palliatives d'ici au milieu du mois d'octobre. Faute d'accord, les États-Unis pourraient se retrouver en situation de défaut de paiement pour la première fois de leur histoire.

À l'été 2011, un précédent blocage sur cette question avait provoqué une crise politique. Malgré un accord de toute dernière minute, cette escarmouche avait conduit l'agence de notation Standard and Poor's à priver les États-Unis de leur prestigieux «triple A».

«La mission la plus importante du Congrès est de voter un budget. Et le Congrès doit le faire sans déclencher une autre crise, fermer les activités de l'État ou pire, menacer de ne pas payer les factures de ce pays», a prévenu le président lundi.

Les républicains visent en particulier la réforme de l'assurance-maladie, pièce maîtresse du bilan social de M. Obama dont l'application va franchir une nouvelle étape le 1er octobre. Certains élus veulent en supprimer le financement, et ont menacé de lier cette question aux débats sur le budget et la dette.

Mais M. Obama a rejeté d'avance cette tactique. «Je ne négocierai pas sur la question de savoir si les États-Unis tiennent leur parole», a-t-il prévenu.

De son côté, le président républicain de la Chambre John Boehner a déploré l'approche «partisane» de M. Obama et l'a appelé à réagir au «problème de dépenses des États-Unis». Le président «devrait travailler avec nous pour retarder l'application de sa réforme de l'assurance-maladie (...), augmenter la production énergétique (et) simplifier notre code des impôts», a-t-il ajouté.