Barack Obama a appelé mercredi à rejeter les «forces qui ont conspiré depuis des décennies contre la classe moyenne», et à renforcer cette dernière afin d'assurer la prospérité à long terme des États-Unis.

Accusant ses adversaires républicains d'avoir «ignoré (ce) problème» et de préférer se consacrer à «un défilé sans fin de diversions, de prises de position politiciennes et de faux scandales», le président américain a défendu sa vision de l'économie lors d'un discours-cadre dans une université de Galesburg, en Illinois.

Sans entrer dans les détails de ses propositions, qui seront dévoilées au fur et à mesure des déplacements qu'il doit effectuer aux Etats-Unis jusqu'à au moins la fin septembre, M. Obama, très combatif pendant son intervention inhabituellement longue - 67 minutes -, en a évoqué les grands thèmes: les infrastructures, la formation, l'accès à la propriété, les retraites, la santé et la mobilité sociale.

A propos de la formation supérieure, dont les coûts ont explosé et accablent les jeunes adultes de dettes, il a évoqué «une stratégie agressive pour réformer le système».

«Mais la clé est de faire cesser la tendance qu'a Washington d'aller de crise en crise. Ce qu'il nous faut, ce n'est pas un plan sur trois mois ou même un plan sur trois ans, mais une stratégie américaine à long terme, sur la base d'efforts persistants pour renverser les forces qui ont conspiré depuis des décennies contre la classe moyenne», a ajouté le président.

Mise en garde aux républicains

M. Obama, qui revenait à Galesburg sur les lieux d'un discours économique prononcé peu après avoir pris ses fonctions de sénateur en 2005, a relevé que même avant la crise de 2008, la classe moyenne avait subi «une érosion pendant des décennies».

Et même si «cinq ans après le début de la récession, les États-Unis sont de retour après s'être battus», «nous n'y sommes pas encore pleinement arrivés», a-t-il dit, en déplorant que les «1% de plus riches» aient quasiment monopolisé les augmentations de revenus ces dix dernières années.

Se disant déterminé à travailler avec les démocrates et les républicains du Congrès, M. Obama, à Galesburg comme à Warrensburg dans le Missouri, où il a prononcé un second discours mercredi soir, a oscillé entre accents oecuméniques et mise en garde aux républicains qui, majoritaires à la Chambre des représentants, ont bloqué la quasi-totalité de ses initiatives depuis 2011.

«Je veux présenter mes idées pour donner une meilleure chance de réussir à la classe moyenne au XXIe siècle, et je veux que les républicains présentent les leurs», a-t-il indiqué en rejetant à l'avance «une crise montée de toutes pièces».

Il s'agissait d'une allusion à un nouveau relèvement du plafond légal de la dette, nécessaire au plus tard à l'automne. En 2011, un affrontement sur cette prérogative du Congrès avait mis les États-Unis au bord du défaut de paiement, et comme il y a deux ans, le président républicain de la Chambre, John Boehner, a lié cette semaine un tel relèvement à de nouvelles coupes dans les dépenses.

«Si seulement Washington (...) laisse tomber cette politique partisane sans merci à laquelle nous avons assisté ces dernières années, je vous promets que notre économie sera plus solide» à l'avenir, a poursuivi M. Obama.

M. Boehner a dénoncé mercredi la vacuité selon lui de l'argumentaire de M. Obama. «Quel est le but (de ce discours)? Qu'est-ce qu'il va accomplir? Vous avez déjà la réponse. Rien. C'est une coquille vide. Un oeuf de Pâques sans bonbons à l'intérieur», a-t-il ironisé.

L'offensive débutant mercredi devrait permettre à M. Obama d'occuper le terrain alors qu'approchent non seulement ces nouvelles batailles budgétaires au Congrès, mais aussi élections de novembre 2014 où tous les représentants et un tiers des sénateurs remettront leur siège en jeu.

L'exaspération des Américains envers le blocage à Washington se traduit par des sondages éloquents: 83% des personnes interrogées ont une opinion négative du Congrès, selon une enquête NBC/Wall Street Journal. Mais M. Obama n'en sort pas indemne, sa cote de confiance s'établissant à 45%, en baisse de trois points par rapport au mois dernier.