Les responsables de la Fed sont partagés sur les suites à donner au soutien exceptionnel qu'ils apportent à l'économie américaine, comme en témoignent les minutes de leur dernière réunion publiées mercredi, dont le ton déterminé a été tempéré par le président de l'institution.

Alors que la moitié des membres du Comité de politique monétaire de la Réserve fédérale américaine (FOMC) ont jugé, à l'issue de leur réunion des 18 et 19 juin, «qu'il serait probablement approprié de cesser les achats d'actifs à la fin de l'année (...), beaucoup d'autres participants prévoient qu'il sera nécessaire de les poursuivre en 2014», indiquent les minutes.

Depuis le début de l'année, la Fed achète 85 milliards de dollars par mois en bons du Trésor et titres hypothécaires, une injection massive de liquidités destinée à soutenir la reprise et influencer les taux à la baisse.

Ces achats de titres sont un des deux instruments à la disposition de la Banque centrale américaine pour soutenir l'économie, l'autre étant son action sur le taux directeur, qui est actuellement proche de zéro.

Certains membres du FOMC ont même «estimé que le Comité devrait limiter les coûts potentiels de cette initiative en ralentissant, voire en stoppant ces achats dès la réunion de juin», rapporte le document.

Mais «beaucoup de participants ont jugé qu'une plus grande amélioration du marché du travail serait nécessaire avant de ralentir les achats d'actifs», disent encore les minutes de cette réunion tenue alors que les chiffres du chômage de juin, qui a stagné à 7,6%, n'étaient pas encore connus.

A l'issue du FOMC, le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke avait exposé une feuille de route d'un éventuel ralentissement des achats d'actifs de la Fed, en indiquant que la Banque centrale commencerait à réduire ces opérations dès cette année si le taux de chômage descendait autour de 7%, pour les cesser en milieu de 2014. Il avait insisté sur le fait qu'une hausse des taux d'intérêt n'interviendrait en revanche pas avant que le taux de chômage ne descende à 6,5%, dans le cadre toujours, d'une inflation maîtrisée.

Changement possible dans le dosage

Mercredi, M. Bernanke, qui s'exprimait indépendamment de la publication des minutes, a estimé que la situation de l'emploi comme celle de l'inflation nécessitaient encore une politique monétaire très accommodante.

«Nous avons dit que nous ne relèverions pas les taux d'intérêt tant que le chômage ne descendrait pas au moins à 6,5%», a-t-il déclaré. «Je suppose qu'il s'écoulera du temps après qu'on aura atteint ces 6,5% pour que les taux parviennent à un niveau élevé».

«Je crois que dans un futur prévisible, on peut conclure qu'une politique monétaire hautement accommodante est nécessaire pour l'économie américaine», a-t-il ajouté après un discours prononcé à Cambridge (Massachusetts, nord-est) à l'occasion du centenaire de la Fed.

Soulignant le double mandat de la Fed qui doit promouvoir le plein emploi dans un cadre de stabilité des prix, M. Bernanke a fait la démonstration suivante: «actuellement nous avons un taux de chômage de 7,6% (...) donc nous ne remplissons pas la première partie de notre mandat. En matière de stabilité des prix, l'inflation est autour de 1%, ce qui est bas, en-dessous de notre objectif de 2%».

«Donc les deux parties de notre mandat, l'emploi comme l'inflation, nous disent qu'on a encore besoin d'être accommodants», a-t-il déclaré.

«Le message dans son ensemble est "accommoder"», a-t-il martelé. Il a ajouté qu'il y aurait «un changement possible et graduel à l'avenir dans le dosage des instruments» de la Fed, faisant référence aux achats d'actifs.

Sur le front des taux d'intérêt, les participants au FOMC pensent à une large majorité (14 sur 19)  que le taux directeur ne devrait pas augmenter avant 2015. Ils ont aussi insisté sur le fait qu'il fallait «clarifier l'idée que les décisions concernant les rachats d'actifs sont indépendantes des décisions concernant les taux d'intérêt».