Un haut responsable de la banque centrale américaine (Fed) a assuré jeudi que l'institution garderait «pendant longtemps» à son bilan les actifs qu'elle achète actuellement sur les marchés dans le cadre de sa politique monétaire ultra-accommodante.

Dans un discours jeudi à New York, William Dudley, président de l'antenne de New York de la Fed, a précisé qu'un ralentissement de ces achats d'actifs «dépendra de la conjoncture et pas du calendrier».

«La Réserve fédérale devrait garder la plupart des actifs à son bilan pendant longtemps», une mesure qui devrait continuer de peser à la baisse sur les taux d'intérêt, a indiqué M. Dudley, qui est un membre votant du comité de politique monétaire de la Fed (FOMC).

Depuis le début de l'année, la Fed investit 45 milliards de dollars par mois en bons du Trésor et 40 milliards en titres hypothécaires (MBS), une façon d'influer sur les taux d'intérêt pour favoriser la reprise.

Le président de la Fed, Ben Bernanke, avait indiqué la semaine dernière que si le taux de chômage descendait à 7% dans un contexte de stabilité des prix, la Fed pourrait réduire par étapes ses achats d'actifs dès cette année pour les conclure au milieu de 2014. Un relèvement du taux directeur n'interviendra qu'à partir du moment où le taux de chômage tombera à 6,5%.

Pour M. Dudley, un relèvement du taux directeur, prérogative de la politique monétaire de la Fed, «n'interviendra pas avant longtemps, selon toute vraisemblance».

«Non seulement cela va prendre un temps considérable pour que le taux de chômage tombe sous le seuil de 6,5% mais le Comité pourrait encore attendre plus de temps pour relever les taux», a-t-il indiqué.

Il a rappelé que la Fed était prête à continuer ses injections de liquidités dans le circuit financier si la reprise n'était pas solide: «Si les conditions du marché de l'emploi et si la croissance de l'économie sont moins favorables que ne le prévoit le FOMC - ce qui est arrivé ces dernières années - je m'attends à ce que les achats d'actifs continuent à un rythme plus important».

Un autre responsable de la Fed, Dennis Lockhart, président de l'antenne d'Atlanta, a commenté la réaction erratique des marchés au fait que la Fed puisse se préparer à ralentir ses achats d'actifs.

Utilisant l'analogie du fumeur envisageant l'arrêt de la cigarette, il a déclaré: «il me semble que le président de la Fed a dit qu'on utiliserait le patch avec souplesse et que certains sur les marchés ont réagi comme si on arrêtait tout».

Mais selon M. Lockhart, les propos de M. Bernanke «ne constituent pas un énorme changement de politique».

Au cours d'une autre intervention à Washington, le gouverneur de la Fed, Jerome Powell, membre votant du FOMC, a estimé que l'efficacité des achats d'actifs pouvait se quantifier par une réduction d'environ 20 points de base du taux de chômage sur trois ans après des achats de 500 milliards de dollars.

«Je pense que les achats d'actifs continuent d'apporter un soutien important à l'activité économique même si c'est peut-être un peu en-dessous» de ce schéma, a affirmé M. Powell.

«Même si les courroies de transmission» entre les achats d'actifs et leur effet sur l'économie «ne fonctionnent pas parfaitement, il est improbable qu'ils n'aient aucun effet», a affirmé ce gouverneur.