La résistance de la consommation aux hausses d'impôts entrées en vigueur en janvier aux États-Unis rassure un peu sur l'état de l'économie américaine avant la cure de rigueur budgétaire drastique promise au pays.

D'une manière générale, les économistes estiment que la croissance américaine devrait réussir à sortir de cette passe difficile et mettent en garde contre une prolongation de l'incapacité des responsables politiques de Washington à s'attaquer sérieusement au défi de la dette.

Le département du Commerce a annoncé vendredi que les dépenses de consommation réelles des ménages avaient augmenté de 0,1% en rythme annualisé en janvier, soit autant qu'en décembre, alors que le revenu disponible des Américains connaissait une chute de 4,0%, d'une ampleur jamais vue dans les annales du ministère, qui remontent à 1959.

Cet effondrement a été le pendant de la forte hausse des revenus de décembre, mois pendant lequel les entreprises ont versé nombre de primes par anticipation afin de soustraire leurs salariés à une partie des hausses d'impôts qui s'annonçaient à partir du 1er janvier.

Un accord politique de dernière minute a permis de préserver les classes moyennes d'une forte hausse de l'impôt sur le revenu mais pas d'une hausse des contributions sociales touchant tous les salariés, et les ménages les plus riches ont vu leur taux d'imposition sur le revenu augmenter.

Les chiffres du ministère «apportent un brin de réconfort en montrant que la baisse des dépenses de l'État ne provoquera pas un effondrement de l'économie tant que les consommateurs resteront disposés à dépenser», estime Joel Naroff, de Naroff Economics Advisors.

Pour Ellen Zenter, de la maison de change Nomura, «les ménages ajustent leurs dépenses à la nouvelle réalité», mais cette phase d'adaptation ne fait que commencer.

Son confrère Peter Newland, de la banque Barclays, estime que, après la quasi stagnation du PIB au quatrième trimestre, la résistance de la consommation augure d'un rebond de la croissance économique sur les trois premiers mois de l'année en dépit d'un ralentissement probable de la hausse des dépenses des ménages.

Deux autres indicateurs économiques publiés vendredi sont de nature à susciter l'optimisme: le net rebond du moral des ménages révélé par l'enquête mensuelle de l'Université du Michigan et la nouvelle accélération de l'activité manufacturière, annoncé par l'association professionnelle ISM.

«La plupart des Américains ne sont pas chamboulés par les coupes claires annoncées dans le budget de l'État, au moins pour l'instant», commente Chris Christopher, du cabinet IHS Global Insight.

Ces restrictions budgétaires automatiques prévues pour s'étaler sur près de neuf ans devaient entrer en vigueur avant 23h59 vendredi à Washington (04h59 GMT samedi). Elles pourraient contraindre des centaines de milliers de fonctionnaires à prendre des congés sans solde.

De façon générale, les économistes estiment qu'elles devraient faire perdre cette année au pays environ 0,5 point d'un croissance économique qu'ils pensaient jusque-là devoir se situer autour de 2,0%.

Si démocrates et républicains ne parviennent à s'entendre sur un plan de réduction de la dette à long terme et que le dispositif se prolonge selon ce qui est prévu «et que le chômage commence à monter, alors tous les paris seront ouverts», prévient M. Naroff.

«L'amélioration du moral des consommateurs pourrait rapidement tourner court, ajoute-t-il, et ce mouvement emporter avec lui les dépenses des ménages», qui sont le moteur traditionnel de la croissance du pays.