Les embauches semblent s'être accélérées aux États-Unis en octobre mais les derniers chiffres officiels sur le marché du travail avant la présidentielle risquent de faire apparaître vendredi un rebond du chômage après deux mois de baisse.

Selon la prévision médiane des analystes, le rapport sur l'emploi que le gouvernement s'apprête à publier devrait faire apparaître une remontée du taux de chômage de 0,1 point, à 7,9% en octobre, et une hausse des embauches de 10% par rapport à septembre avec 125.000 créations d'emploi nettes dans le pays.

Les chiffres officiels doivent être annoncés à 8h30 à Washington.

Selon l'enquête mensuelle sur l'emploi publiée jeudi par la société de services informatiques ADP, les embauches du secteur privé ont augmenté de 39% en octobre pour atteindre leur plus haut niveau depuis le mois de février.

L'étude indique que les entreprises privées ont créé ce mois-là aux États-Unis 158 000 emplois de plus qu'elles n'en détruisaient.

ADP estime dans un communiqué que «les entreprises embauchent de façon régulière» et que les «créations d'emploi d'octobre sont conformes à leur moyenne sur les deux dernières années».

Plusieurs analystes font remarquer que, du fait qu'elle est établie selon une nouvelle méthodologie ce mois-ci, l'enquête ADP peut difficilement être utilisée pour tenter d'approcher le chiffre des embauches que révélera le rapport officiel.

L'accélération des créations d'emploi dont témoigne ADP est néanmoins corroborée par les résultats de l'enquête sur la confiance des consommateurs publiée jeudi par le Conference Board.

Selon cet institut privé, l'appréciation que les ménages américains ont du marché du travail s'est améliorée en octobre et le différentiel entre les ménages jugeant qu'il est difficile de trouver du travail et ceux pensant que, au contraire, les offres d'emplois sont abondantes, est tombé à son plus bas niveau en quatre ans.

Correction après la baisse de septembre

La baisse des nouvelles inscriptions au chômage dans la dernière semaine pleine d'octobre annoncée jeudi par le département du Travail est également encourageante, mais le niveau du taux du chômage indemnisé révélé par le ministère fait craindre à Sal Guatieri, économiste de BMO Marchés des capitaux, une «légère remontée» du taux de chômage officiel.

Une telle correction paraît d'autant plus plausible que le taux de chômage officiel avait reculé de 0,3 point en septembre pour tomber à son niveau le plus bas depuis l'arrivée au pouvoir du président Barack Obama en janvier 2009, en dépit d'embauches poussives et en baisse ce mois-là, et en théorie insuffisantes pour permettre une telle amélioration.

Pour Ellen Zentner, de la maison de courtage Nomura, l'embellie du marché de l'emploi reste toute relative dans la mesure où, finalement, les licenciements restent «faibles» mais où, également, les plans d'embauches des entreprises sont «anémiques».

De plus, la baisse du taux de chômage officiel observée depuis son pic de 10,0% touché en octobre 2009 est toute relative puisqu'elle résulte essentiellement de la non-comptabilisation de millions de chômeurs découragés ou ayant cessé de chercher du travail pour diverses raisons autres.

Dans tous les chiffres que publiera le gouvernement vendredi, chacun des deux candidats à l'élection de mardi devrait trouver son compte pour alimenter sa campagne: M. Obama pour affirmer que le pays continue de se rétablir lentement de la crise, et son adversaire républicain Mitt Romney pour faire porter au gouvernement la responsabilité de la lenteur de la reprise.