Nous poursuivons notre série sur l'élection présidentielle américaine. Aujourd'hui, coup de sonde dans l'immobilier californien.

Marieke Ochtman avait bon espoir de voir la maison qu'elle venait de rénover trouver un acheteur rapidement. La petite propriété de style Craftsman, construite en 1928 dans le quartier Mount Washington, à Los Angeles, avait tout pour plaire: planchers immaculés, fenêtres d'époque, cuisine et salle de bains neuves, climatiseur central.

La journée de la visite porte ouverte, Mme Ochtman, 31 ans, avait prévu chaque détail, allant même jusqu'à demander à son courtier immobilier de ne pas porter de veston, mais une chemise, une cravate mince et un pantalon ajusté.

«Nous voulions montrer aux jeunes couples que nous n'étions pas des vendeurs professionnels, mais bien des jeunes, comme eux», dit-elle.

La maison a été mise sur le marché le 12 août. Le lendemain, après quatre offres, elle était vendue, à 385 000$, soit 20 000$ de plus que le prix demandé.

Pas mal pour une propriété que Mme Ochtman et son associée, Kathleen Sloan, avaient payée 200 000$ trois mois plus tôt.

Le vent a changé

Depuis cinq ou six ans, l'immobilier est synonyme de maux de tête et de débâcle financière dans le sud de la Californie, l'un des épicentres de la correction qui a balayé les États-Unis à partir de 2005.

Or, cette année, une nouvelle génération d'acheteurs voit des occasions là où tout le monde voyait des ennuis.

L'été dernier, les ventes de maison ont grimpé à leur plus haut niveau en quatre ans dans la région. Le prix médian pour une maison ou un condo s'est établi à 306 000$, en hausse de 8,1% par rapport à la même période l'an dernier.

Pendant ce temps, les reprises bancaires (foreclosures) sont à leur plus bas niveau en cinq ans.

Pour le moment, la hausse des ventes dans la région - l'une des populeuses aux États-Unis - est surtout observable dans les maisons dont le prix se situe entre 300 000$ et 800 000$. Les ventes de ce type de propriétés ont augmenté de 22% par rapport à l'an dernier.

Adrian Glick Kudler, éditrice de Curbed L.A., le principal blogue qui couvre l'immobilier à Los Angeles, constate que les acheteurs sont plus nombreux cette année. Et les flippers, note-t-elle, ne sont plus des amateurs, comme c'était le cas au milieu des années 2000.

«Avant, c'était de l'argent facile. Ça ne prenait pas de bien grandes connaissances pour se dire: «Hé, pourquoi je ne me lancerais pas? «, dit-elle en entrevue. Aujourd'hui, les banques sont plus prudentes. C'est beaucoup plus difficile d'avoir du financement. Les gens qui achètent et qui revendent sont surtout des pros, ou des petites firmes de design.»

Des quartiers au fort potentiel

Le phénomène est surtout présent dans les quartiers de L.A. qui ne se sont pas encore embourgeoisés, comme Highland Park ou Glassell Park. «Il y a une nouvelle génération de bureaux de design qui font tout eux-mêmes, qui travaillent surtout sur des maisons relativement modestes, ou des condos. Dans les quartiers plus chic, ça commence aussi à bouger. Les gens achètent, rénovent, et vendent. Le chanteur Bruno Mars vient de s'acheter une telle maison dans les Hollywood Hills. Jennifer Aniston en louerait une aussi dans Beverly Hills.»

En 2012, acheter des maisons pour les rénover et les vendre demande du temps, de l'argent, et aussi une vision claire des goûts des acheteurs. Durant près de trois mois, Marieke Ochtman a travaillé six jours sur sept à rénover la maison avec son associée, un contremaître et plusieurs ouvriers.

Mme Ochtman, qui vient d'obtenir son MBA, dit avoir vu le vent changer de direction en mars et avril, cette année.

«Tout d'un coup, les maisons abordables se sont mises à disparaître du marché, dit-elle. C'est comme si tout le monde avait réalisé en même temps que les aubaines n'allaient pas durer éternellement.»

Durant les années de folie immobilière, les profits étaient partout. Maintenant, il faut savoir «lire» le marché pour pouvoir trouver les occasions. Et les pièges sont nombreux, dit-elle.

«Il y a quelques mois, je sondais le marché dans la région pour repérer les possibilités, dit-elle. Maintenant, je suis investie à 100%.»

Taux de chômage > Novembre: 8,9% > Sommet (janvier 2010): 12,9% > Août 2012: 10,4% Nombre d'emplois > Novembre 2008: 16,8 millions > Août 2012: 16,5 millions Source: US Bureau of Labor (données non désaisonnalisées)