La banque centrale américaine (Fed) a indiqué jeudi qu'elle envisageait de lier le relèvement de son taux directeur, quasi nul depuis bientôt quatre ans, à la réalisation de critères économiques précis relatifs au niveau de l'emploi et de l'inflation.

Son Comité de politique monétaire (FOMC) a débattu de cette possibilité les 12 et 13 septembre, sans parvenir à un accord sur sa mise en oeuvre, indiquent les minutes de cette réunion publiées jeudi.

Néanmoins, «la plupart des participants sont convenus que l'utilisation de seuils chiffrés pourrait être utile pour rendre plus clair le caractère conditionnel» des renseignements que donne la Fed sur l'évolution probable de son taux directeur, ajoute le document.

La Réserve fédérale a repoussé le 13 septembre à «mi-2015», au lieu de «fin 2014» la date jusqu'à laquelle elle s'engage à maintenir son taux directeur «exceptionnellement bas» si la situation l'impose.

Les minutes montrent que la banque centrale envisage de lier le relèvement de ce taux (bloqué entre 0 et 0,25% depuis décembre 2008) non plus à une date, mais «à des seuils chiffrés pour des indicateurs du marché de l'emploi et de l'inflation», «un grand nombre de participants» jugeant que cela contribuerait à rendre «plus efficace» la communication de la Fed, perçue de plus en plus comme un vecteur extrêmement important de la politique monétaire.

Les minutes notent ainsi que changer la communication du FOMC pourrait «renforcer le concours financier fourni» par la Fed à travers ses opérations d'achat et de vente de titres sur les marchés, destinées à faire baisser les taux d'intérêt à long terme.

Jugeant néanmoins que cela entraînerait un certain nombre de «défis en matière de communication», justement, les membres du FOMC sont convenus qu'il était «nécessaire de travailler davantage» sur le sujet.

Pluralité d'opinions

Changer de formule ne va en effet pas de soi. La Fed note «la diversité des points de vue» sur les mesures qu'il conviendrait alors de retenir et voit un risque que la définition de tels seuils soit trop restrictive pour bien appréhender la complexité de l'économie dans son ensemble, ou qu'elle entretienne une confusion - nuisible à sa crédibilité - sur ses objectifs à plus long terme, notamment celui d'ancrer la hausse des prix à 2,0% par an.

Deux membres du Comité ont illustré récemment les différences qui s'expriment en son sein sur ce point.

Narayana Kocherlakota a proposé que le FOMC s'engage ouvertement «à maintenir son taux directeur extrêmement bas tant que le taux de chômage n'est pas tombé sous 5,5%», que les attentes d'inflation à long terme restent stables et que le Comité estime que l'inflation à moyen terme ne risque pas de s'écarter de plus d'un quart de point au-dessus de son objectif de 2,0%.

Son confrère Charles Evans a répété de son côté son souhait de voir la banque centrale promettre le maintien d'un taux quasi nul tant que le chômage ne serait pas descendu sous 7% et que la perspective d'inflation à moyen terme resterait inférieure à 3%.

La Fed a pour mission d'assurer le plein emploi (qui correspond selon elle à un taux de chômage compris entre 5,2 et 6,0%) et la stabilité des prix.

Le taux de chômage américain était officiellement de 8,1% en août.