La Banque centrale des États-Unis (Fed) a opté pour le statu quo mercredi en annonçant le maintien de ses mesures de soutien à l'économie américaine pour faire face aux «risques» qui pèsent sur la première puissance du globe.

Reprenant des mesures déjà annoncées fin juin, le comité monétaire (FOMC) de la Fed a notamment annoncé que son taux directeur resterait à son niveau actuel --entre 0 et 0,25%-- jusqu'à «la fin 2014» au moins et confirmé l'extension jusqu'à la fin de l'année de son programme d'échanges d'obligations baptisé «Twist», qui devait initialement s'achever fin juin.

La Fed a toutefois souligné qu'elle surveillerait «étroitement les informations» sur l'évolution de la conjoncture, ajoutant qu'elle «prendra des mesures supplémentaires» si la situation se dégrade. La banque centrale a «déçu en n'annonçant rien de nouveau pour stimuler l'économie», a commenté Chris Low, économiste à FTN Financial.

Dans son communiqué, la Fed justifie ces mesures par l'état maussade de l'économie américaine, marqué par un taux de chômage «élevé» et un secteur immobilier «déprimé». «L'activité économique a quelque peu ralenti depuis le début de l'année», a-t-elle résumé, prévoyant une croissance américaine «modérée» dans les «prochains trimestres» avant un rebond graduel.

Publiés la semaine dernière, les chiffres de la croissance américaine au deuxième trimestre ont confirmé un ralentissement de la progression du produit intérieur brut (PIB) depuis la fin 2011.

«Les tensions sur les marchés financiers mondiaux continuent de représenter des risques importants pour les perspectives économiques», a ajouté la Fed, dans une allusion transparente à la crise de la dette en zone euro et à la veille d'une importante réunion de la Banque centrale européenne (BCE).

Elle n'a toutefois pas jugé nécessaire d'engager dès maintenant une troisième phase «d'assouplissement monétaire» («quantitative easing») qui revient à injecter massivement des liquidités sur le marché pour stimuler l'activité. En 2008 et 2010, cette action non conventionnelle l'avait conduite à racheter directement pour 2300 milliards d'obligations du Trésor et de titres émis par les organismes de refinancement hypothécaire parapublics.

Comme elle le fait depuis, la Fed a simplement confirmé mercredi qu'elle maintiendrait ce montant à un même niveau en rachetant de nouveaux titres lorsque ceux qu'elle détient arriveront à échéance.

«Ce communiqué fait naître de nouveaux doutes sur l'éventualité d'un nouvel assouplissement cette année», commente Jim O'Sullivan, économiste à HFE. Au contraire, pour Harm Bandholz, d'UniCredit Research, «reporter n'est pas abandonner». «Il semble qu'un troisième assouplissement arrivera au plus vite», affirme-t-il, notant une évolution sémantique de la Fed qui affirme aujourd'hui qu'elle «prendra» des mesures alors qu'elle disait simplement jusque-là s'y «tenir prête».

Dès vendredi, la Fed aura du grain à moudre avec la publication du rapport gouvernemental sur l'emploi qui dira si le taux de chômage reste à son niveau actuel, jugé élevé pour le pays (+8,2%). Elle gardera également un oeil sur la menace du «mur budgétaire» («fiscal cliff») qui pèse sur les États-Unis et que la dirigeante du Fonds monétaire international, Christine Lagarde, a de nouveau jugé préoccupante mercredi.

Faute d'accord d'ici à la fin de l'année au Congrès, un certain nombre de mesures de relance et de réductions d'impôt expireront en même temps qu'entreront en vigueur des baisses automatiques des dépenses publiques, faisant craindre un blocage de la machine budgétaire américaine.

«Un troisième assouplissement monétaire ne serait pas une bonne mesure (...) Le principal facteur qui freine l'économie vient des craintes pour les perspectives budgétaires aux États-Unis», juge John Ryding, du cabinet RDQ.