Le Fonds monétaire international (FMI) a mis en garde mardi les Etats-Unis contre les risques internes et extérieurs «élevés» qui menacent selon lui la croissance économique américaine et a exhorté le pays à ne pas réduire trop vite son déficit budgétaire.

Dans son rapport annuel sur l'économie des États-Unis, le Fonds indique qu'il prévoit désormais une croissance du PIB américain de 2,0% en 2012 et 2,3% en 2013, soit 0,1 point de moins que ce qu'il prévoyait en avril pour chacune de ces deux années.

«Le reprise américaine reste apathique et soumise à des risques élevés étant donné les tensions financières dans la zone euro et l'incertitude entourant les projets budgétaires aux États-Unis», estime le Fonds.

Selon lui, «il est probable que la croissance reste modeste pendant les deux prochaines années, du fait de l'affaiblissement des dépenses des ménages, des restrictions budgétaires et d'une demande mondiale inférieure à la normale».

Le FMI juge «essentiel» que les États-Unis fassent «en sorte que l'assainissement des finances publiques à court terme soutienne la croissance, en faisant disparaître la menace d'un rééquilibrage budgétaire très important en 2013», et qu'ils adoptent «un plan crédible de retour à la viabilité budgétaire à moyen terme».

Le Fonds fait là référence à ce qu'il est convenu d'appeler aux États-Unis le «mur budgétaire» («fiscal cliff»): sans accord au Congrès d'ici à la fin de l'année sur la façon de réduire la dette publique, qui représente environ 100% du PIB américain, un certain nombre de mesures de relance et de réductions d'impôt expireront en même temps qu'entreront en vigueur des baisses automatiques des dépenses publiques.

Estimant que les efforts de réduction du déficit budgétaire des États-Unis devraient porter leurs fruits plus rapidement que prévu en 2012, le Fonds appelle Washington à continuer d'oeuvrer au rééquilibrage des finances publiques, mais à ne pas poursuivre un objectif trop ambitieux.

Il recommande ainsi au gouvernement et au Congrès de viser un déficit de 6,3% du PIB en 2013 (au lieu des 5,5% prévus par la Maison-Blanche). À ce niveau, estime-t-il, le ratio de la dette publique sur le PIB serait stabilisé, mais une réduction plus forte du déficit «serait trop rapide, compte tenu de la faiblesse de la croissance et des risques de contraction de l'économie».

Lors d'une conférence de presse, la directrice générale du FMI, Christine Lagarde, a appelé Washington à ne pas rééditer le psychodrame politique de l'été 2011, où le blocage au Congrès sur le relèvement de la limite légale de la dette publique américaine avait fait trembler les marchés et la reprise, avant que ne soit trouvée une solution de dernière minute.

Un nouveau relèvement du plafond s'annonçant nécessaire à l'automne, Mme Lagarde à appelé les élus à s'attaquer à la question sans tarder, prévenant que «les effet négatifs», dans le cas contraire, seraient «violents».

En ce qui concerne les menaces en provenance d'Europe, le Fonds estime qu'une aggravation de la crise de la dette fragiliserait les établissements financiers américains et affecterait les exportations du pays.

Sans commenter le rapport du FMI, le département du Trésor américain a estimé dans un communiqué que celui-ci représentait «une évaluation et une appréciation indépendantes ... des résultats de l'économie américaine et de la politique» économique et monétaire des autorités.