L'activité des industries manufacturières aux États-Unis a reculé en juin pour la première fois en près de trois ans, selon l'indice des directeurs des achats de ce secteur publié lundi par l'association professionnelle ISM.

L'ISM manufacturier a baissé de 3,8 points par rapport à mai pour s'établir à 49,7 %, soit sous la barre de 50,0 % qui marque la limite entre contraction et expansion de l'activité.

C'est la première fois que cela se produit depuis juillet 2009, indique l'association.

Les analystes tablaient sur une baisse moins marquée de l'indice puisque leur prévision médiane le donnait à 52,2 %, contre 53,5 % en mai.

La baisse de l'indice a été tirée par une chute brutale de sa composante mesurant les commandes nouvelles, ainsi que par un recul de celles mesurant les exportations et la production, indique l'ISM.

L'association écrit dans un communiqué que les vues exprimées par les responsables interrogés pour son enquête sont assez contrastées et vont «de l'optimisme persistant aux inquiétudes à l'égard du fait que la demande pourrait être en train de mollir en raison des incertitudes économiques qui règnent en Europe et en Chine».

L'indice ISM mesure la perception que les directeurs des achats ont de la conjoncture dans leur secteur.

Pour Nigel Gault, économiste du cabinet IHS Global Insight, «le ralentissement économique mondial a rattrapé le secteur manufacturier américain en juin».

Son confrère Joel Naroff, de Naroff Economics Advisors, estime que «le brusque ralentissement du secteur manufacturier devrait dissiper les doutes sur le fait que la croissance économique freine à fond».

Harm Bandholz, économiste de la banque UniCredit, insiste néanmoins sur le fait que l'ISM «n'est qu'une enquête» en ce sens qu'elle ne mesure que des données subjectives et non des données tangibles comme la production manufacturière réelle.

Il rappelle que plusieurs baromètres similaires ont connu ces deux dernières années des chutes prononcées «qui exagéraient clairement la faiblesse de l'ensemble de l'économie».

«Dans la mesure où il n'y a eu aucun choc évident susceptible d'expliquer une telle chute de l'ISM entre mai et juin», il appelle à ne pas prendre les résultats de l'enquête «pour argent comptant», tout en estimant qu'on ne peut pas faire «comme s'ils n'existaient pas».

C'est peu ou prou l'avis d'Ian Shepherdson, du cabinet HFE, pour qui le plongeon de la composante des commandes nouvelles de l'ISM, sans égal depuis les attentats du 11-Septembre, est vraisemblablement une aberration statistique. M. Shepherdson note qu'on est encore au-dessus du niveau de l'ISM (autour de 44 %) qui signalerait une récession de l'économie américaine.