Le président de la banque centrale des États-Unis (Fed), Ben Bernanke, a déclaré jeudi à Washington que la croissance économique du pays devrait se poursuivre à un «rythme modéré», ce qui ne présage aucune modification de la politique monétaire américaine à court terme.

M. Bernanke a indiqué à la Commission économique mixte du Congrès qu'un certain nombre de facteurs menaçaient la reprise aux États-Unis, comme la situation en Europe, mais aussi la perspective d'une «brusque» contraction du budget fédéral américain à la fin de l'année, qu'il a appelé les élus à éviter.

«La croissance économique semble devoir continuer à un rythme modéré dans les trimestres à venir», a déclaré M. Bernanke.

La hausse des dépenses de consommation reste «relativement soutenue», la baisse des prix de l'énergie devrait apporter une bouffée d'air au pouvoir d'achat des ménages, dont le moral «est malgré tout en hausse», «et la demande pour les exportations américaines a tenu bon en dépit des difficultés économiques de l'Europe», a dit le chef de la Fed pour justifier ce pronostic.

Néanmoins, «l'inquiétude au sujet de l'Europe, de la politique budgétaire américaine et de la force et de la viabilité de la reprise» pèsent sur les décisions d'embauche et d'investissement des entreprises, a-t-il noté.

«La situation en Europe, a-t-il ajouté, fait peser des risques importants sur le système financier et l'économie des États-Unis et doit être surveillée de près».

«Comme toujours, la Réserve fédérale est prête à prendre les mesures qui s'imposeraient pour protéger le système financier et l'économie en cas d'intensification des tensions financières», a assuré le président de la Réserve fédérale.

Notant le reflux des cours du pétrole, M. Bernanke a indiqué prévoir que l'inflation resterait «à ou légèrement au-dessous de 2%» taux qui correspond à l'objectif de hausse des prix de la Fed à moyen terme.

Alors que se profile un grand vide budgétaire aux États-Unis en cas de persistance des désaccords au Congrès sur la politique fiscale et de dépense publique, M. Bernanke a exhorté les élus à dépasser leurs différends.

«Empêcher une contraction brusque et violente de la politique budgétaire facilitera un retour au plein emploi, qui, lui-même, devrait contribuer à la viabilité des finances publiques à long terme», a-t-il dit.

M. Bernanke a fait nommément référence à ce qu'il est désormais convenu d'appeler aux États-Unis le «mur budgétaire» (fiscal cliff): sans accord au Congrès d'ici à la fin de l'année sur la façon de réduire la dette publique, qui représente environ 100% du PIB américain, un certain nombre de mesures de relance et de réductions d'impôt expireront en même temps qu'entreront en vigueur des baisses automatiques des dépenses publiques.

«Si l'on permet que cela arrive, cela fera planer une menace importante sur la reprise», a dit M. Bernanke.

Alors que les marchés spéculent sur la possibilité que la Fed prenne de nouvelles mesures de soutien à la reprise lors de sa réunion de politique monétaire des 19 et 20 juin, M. Bernanke a insisté sur le fait que cela n'avait rien d'assuré, et a appelé une nouvelle fois le Congrès à ses responsabilités.

«La politique monétaire n'est pas la panacée. Je me sentirais bien plus à l'aise si le Congrès nous déchargeait du fardeau» de soutenir seul la reprise, en remettant le budget fédéral sur une trajectoire viable «tout en évitant d'entraver la reprise économique actuelle», a-t-il dit.