La banque centrale américaine (Fed) a indiqué mercredi s'inquiéter des répercussions possibles d'un retour à marche forcé vers l'équilibre budgétaire aux États-Unis sur la croissance économique de ce pays en plus des risques que fait déjà courir la crise européenne.

C'est ce qui ressort des minutes de la réunion de son Comité de politique monétaire des 24 et 25 avril publiées à Washington.

Lors de cette rencontre «la possibilité d'un brusque assainissement des finances publiques aux États-Unis était aussi perçu par les participants comme un risque important» pour les perspectives de croissance de l'économie américaine, indique ce document.

Le compte-rendu indique juste avant cela que les participants étaient alors d'avis que «les tensions sur les marchés financiers mondiaux, quoique d'une manière générale moins prononcées qu'à l'automne dernier, continuaient de poser un risque considérable».

«Les tensions sur les marchés financiers mondiaux» est une paraphrase par laquelle la Fed désigne depuis quelque temps déjà la crise de la dette européenne et ses conséquences financières.

Si les inquiétudes exprimées par la Réserve fédérale sur l'Europe ne sont pas nouvelles, c'est la première fois que les minutes insistent de la sorte sur ce qu'il est désormais convenu d'appeler aux États-Unis la «falaise budgétaire» («fiscal cliff»).

L'image de cette falaise dont on ne pourrait que tomber est utilisée pour rendre compte de la situation qui sera celle des États-Unis à la fin de l'année si aucun n'accord n'est entériné d'ici là au Congrès sur la question budgétaire, source de désaccords profonds et persistants entre le camp démocrate du président Barack Obama et l'opposition républicaine, qui dispose d'un pouvoir de blocage.

Dans ce cas, un certain nombre de mesures de relance et de réductions d'impôts expireront alors qu'entreront en vigueur des baisses automatiques des dépenses publiques. Selon les estimations, la baisse totale de la contribution économique de l'Etat qui résulterait de cette contraction pourrait être comprise entre 3 et 5% du PIB américain.

À l'heure où la croissance économique tourne aux alentours de 2,2%, sans véritable perspective d'amélioration nette à court terme, ainsi que la Fed le dit elle-même, cette probabilité à de quoi inquiéter.

Selon les minutes, les membres du FOMC s'inquiétaient tout particulièrement de «la possibilité que le budget américain fasse l'objet de restrictions plus fortes que prévu et que l'incertitude relative à l'évolution de la politique budgétaire mène à un report des plans d'embauches et d'investissement» des entreprises, ce qui serait alors fort dommageable pour la reprise entamée à l'été 2009.