Le PDG de JPMorgan Chase, qui a dévoilé en fin de semaine une perte de trading de 2 milliards $, a reconnu qu'il avait «complètement tort» lorsqu'il avait balayé les inquiétudes suscitées par les activités de la banque américaine le mois dernier.

«Nous avons commis une terrible, une monstrueuse erreur», a-t-il reconnu dans un entretien diffusé lors de l'émission dominicale Meet the Press sur la chaîne américaine NBC. «Il n'y a pas pratiquement pas d'excuse à cela», a dit Jamie Dimon, expliquant qu'il ignorait l'étendue du problème lorsqu'il avait parlé en avril de «tempête dans un verre d'eau».

Après l'annonce jeudi par la banque de cette perte de deux milliards de dollars accumulée au cours des six dernières semaines, le titre a perdu presque 10 pour cent de sa valeur.

Jamie Dimon a affirmé que la perte venait de placements dans des produits dérivés censés justement protéger la banque des risques financiers et qu'ils n'étaient pas destinés à faire des profits.

Mais trois ans après la crise financière, ses explications n'ont pas convaincu ses détracteurs, qui voient dans ces pertes la preuve que les banques continuent de spéculer en prenant des risques inconsidérés. «Ce n'était pas une protection», a estimé le sénateur Carl Levin, président démocrate d'une sous-commission qui avait enquêté sur la crise. Pour lui, ces placements étaient au contraire «un pari énorme» sur l'évolution de l'économie.

Le PDG de JPMorgan a dit que la banque se tenait prête à répondre aux questions des instances de régulation. Il a également promis, dans un e-mail adressé aux employés de la banque et lors d'une visio-conférence avec des analystes financiers, de mener une enquête approfondie sur ce qui s'était passé et d'en tirer les leçons. Mais il a assuré que la plus grosse banque des États-Unis demeurait «très forte».

JPMorgan avait été la seule grande banque américaine à rester bénéficiaire lors de la crise financière de 2008. Fort de cette réputation de solidité, Jamie Dimon avait exprimé sa ferme opposition à un contrôle plus strict des activités des banques.

Mais depuis l'annonce de cette perte, JPMorgan Chase et ses responsables sont sous le feu des critiques. «Cela montre tout simplement qu'elles ne savent pas gérer le risque et si JPMorgan n'y arrive pas, personne ne peut y arriver», résumait vendredi Simon Johnson, ancien responsable du Fond monétaire international (FMI).

Tentant de répondre à la colère de l'opinion publique contre les dérives de Wall Street, Jamie Dimon a assuré qu'il souhaitait une société plus équitable et était prêt à payer des impôts plus élevés. Mais s'en prendre à l'ensemble du secteur est «très contre-productif», selon lui.