Les chiffres officiels de l'emploi publiés vendredi à Washington ont fait apparaître une baisse du chômage étonnante au vu du niveau des embauches d'octobre et suscitent des interprétations variées.

Selon le rapport sur l'emploi du département du Travail, le taux de chômage des États-Unis a reculé de 0,1 point par rapport à septembre pour s'établir à 9,0%, son niveau le plus faible en six mois.

Le ministère indique que le pays a créé plus d'emplois qu'il n'en a détruits pour le treizième mois d'affilée, mais que le solde net des embauches a baissé de moitié par rapport au mois précédent, pour ne représenter que 80 000 postes.

C'est en théorie très insuffisant pour faire baisser le chômage puisque la banque centrale (Fed) estime qu'il faut 150 000 créations d'emplois mensuelles juste pour absorber les jeunes gens arrivant sur le marché du travail.

En l'absence de baisse de la population active entre septembre et octobre, le taux de chômage et le chiffre des embauches apparaissent contradictoires.

Cela arrive de temps en temps puisque ces deux grandeurs sont déterminées par deux enquêtes statistiques différentes, l'une auprès d'entreprises, l'autre auprès de ménages. Lorsque cela se produit, les chiffres ont tendance à converger de nouveau dans les mois qui suivent.

De Cannes, où il participait à un sommet du G20, le président Barack Obama a jugé que la baisse du chômage était «positive».

Néanmoins, les chiffres montrent «une fois de plus que la croissance économique est beaucoup trop lente», a-t-il ajouté, appelant une nouvelle fois l'opposition républicaine à cesser de faire obstruction au plan de relance proposé en septembre par le gouvernement.

Les économistes faisant la lecture la plus optimiste du rapport du ministère insistent sur la révision des chiffres des deux mois précédents faisant apparaître 102 000 créations d'emplois supplémentaires au total, et sur le fait que le nombre des individus déclarant un emploi a augmenté fortement pour le troisième mois d'affilée.

«Il est évident qu'une tendance de créations d'emplois plus robuste semble en train de se former», estiment ainsi les analystes de RDQ Economics.

«L'élément clef est que la tendance de hausse de l'emploi se renforce», note Ian Shepherdson, pour qui les embauches d'octobre pourraient bien être elles aussi revues à la hausse.

Sans présager de l'évolution future du marché de l'emploi, Michael Gapen, de Barclays Capital, estime qu'il «fait preuve de solidité face aux nombreux risques qui se profilent, tels que la crise de la dette européenne et l'éventualité d'un rééquilibrage budgétaire» aux États-Unis.

Jeffrey Rosen, du cabinet briefing.com, pense le contraire. Compte tenu de la tendance aux suppressions d'emplois dans le secteur public, le secteur privé doit créer «environ 230.000 postes par mois pour faire baisser le chômage», estime-t-il. Or, selon le gouvernement, il n'en a créé que 140.000 en moyenne d'août à octobre.

Harm Bandholz, de la banque UniCredit estime que le «ralentissement des créations d'emplois est un rappel pénible du fait que la reprise économique reste très engourdie».

De ce fait, estime son confrère Thomas Julien (Natixis), le chômage risque d'«augmenter légèrement» dans les mois qui viennent. La Fed a indiqué mercredi que, dans le meilleur des cas, il devrait être encore de 8,5% dans un an, au moment de l'élection présidentielle.