La consommation a bien soutenu la croissance pendant l'été aux États-Unis, mais sa marge de progression apparaît limitée compte tenu de la baisse du pouvoir d'achat des Américains sous l'effet conjugué de l'inflation et de la hausse médiocre des revenus.

Selon les chiffres du PIB américain publiés jeudi par le département du Commerce, la hausse de la consommation a assuré à elle seule plus des deux tiers de la croissance de 2,5% mesurée de juillet à septembre.

La consommation des ménages a progressé officiellement de 2,4% en rythme annualisé, soit plus de trois fois plus vite qu'au printemps, mais elle est encore loin d'avoir retrouvé son élan d'avant la récession (3,1% de croissance en moyenne sur la période 2000-2007).

Les données publiées vendredi par le Ministère montrent pourtant que la progression des revenus des Américains est plus que médiocre: ils n'ont progressé en septembre que de 0,1% par rapport à août, où ils avaient reculé d'autant.

Compte tenu de l'inflation, le revenu disponible réel a continué de baisser. Il a reculé de 1,7% au troisième trimestre, ce qui correspond à sa baisse la plus forte en deux ans.

Sur les neuf premiers mois de l'année, cet indicateur du pouvoir d'achat n'a progressé que trois fois, et faiblement (0,1% en janvier et en février, et 0,3% en juin).

Pour Chris Christopher, économiste du cabinet IHS Global Insight, la vigueur - toute relative - de la consommation au troisième trimestre s'explique par le fait que «les gens achètent des produits de première nécessité, pas ce qui leur fait plaisir» et que pour cela, ils rognent sur les sommes qu'ils mettent de côté.

L'évolution du revenu disponible réel «a vraiment de quoi déprimer», estime-t-il.

Le remontée surprise du moral des ménages dont a témoigné vendredi l'indice de confiance des consommateurs de l'Université du Michigan ne suffit pas à dégager l'horizon.

«Il va falloir surveiller de près la façon dont progressent les revenus dans les mois à venir car la récente tendance de hausse de la consommation aux dépens de l'épargne est insoutenable», avertissent les économistes de la maison de courtage Nomura.

La crise a en effet exposé la nocivité d'un modèle économique où la croissance était financée à crédit, et les Américains ont entrepris de se désendetter.

Selon les derniers chiffres de la banque centrale (Fed), la dette cumulée des particuliers a baissé sans discontinuer pendant trois ans depuis l'été 2008.

Certaines études ont montré cependant que, face à la poussée d'inflation observée depuis le début de l'année, de nombreux Américains ont été contraints de recourir au crédit à la consommation pour assurer leurs dépenses incompressibles.

D'une manière générale, les dirigeants de la Fed prévoient que les ménages continueront de se désendetter pendant un certain temps encore.

Selon les chiffres du département du Commerce, la part non dépensée du revenu disponible des Américains est tombée en septembre à 3,6%, son niveau le plus faible depuis décembre 2007, le mois qui avait vu les États-Unis entrer en récession.

Pour Peter Newland, de Barclays Capital, ce niveau d'épargne n'est tout simplement «pas viable». Son confrère Chris Jones, de TD Financial, estime que le ralentissement attendu de l'inflation devrait soulager un peu les ménages mais juge absolument nécessaire que les revenus augmentent à court terme.