La banque centrale des États-Unis (Fed) n'a aucune raison d'augmenter encore son soutien à la reprise de l'économie américaine, a estimé mardi un de ses dirigeants, Narayana Kocherlakota.

«J'évalue l'action du Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) à l'aune des dernières données économiques et de l'objectif affiché par le Comité de maintenir l'inflation à 2% ou un peu au-dessous», a déclaré M. Kocherlakota, président de l'antenne de la Fed de Minneapolis, lors d'un discours dans cette ville du nord des États-Unis.

Selon le texte de son allocution transmis à la presse, M. Kocherlakota estime qu'«avec cette idée en tête, les données d'août ne justifiaient pas l'assouplissement monétaire supplémentaire décidé lors de la rencontre du FOMC de ce mois-là».

Pour lui, «il est peu probable que les données de septembre justifient d'en rajouter encore dans l'assouplissement monétaire».

Le FOMC a intensifié le 9 août son soutien à une reprise de l'économie américaine qui s'enlise en annonçant que la Fed maintiendra son taux directeur quasi nul «jusque mi-2013» si les conditions le justifient.

Trois membres du FOMC ont voté contre la décision du Comité ce jour-là, ce qui n'était pas arrivé depuis 1992.

M. Kocherlakota était l'un d'eux. Il a justifié son refus d'entériner la décision de la majorité en faisant valoir qu'on ne pratique pas une politique monétaire plus accommodante quand on progresse vers ses objectifs, à savoir pour la Fed: le plein emploi et la stabilité des prix, comprise comme une inflation légèrement inférieure à 2,0%.

En l'occurrence, a-t-il fait valoir, depuis l'assouplissement précédent décidé en novembre, le taux de chômage a baissé (il était à 9,1% en août) et l'inflation, qui était alors très basse, est remontée, au-dessus de ce que la Fed juge raisonnable, à 2,8% sur un an en juillet, selon l'indice de référence de la banque centrale.

Les minutes du FOMC d'août ont révélé il y a une semaine que plusieurs dirigeants de la Fed auraient souhaité que la banque centrale se montre encore plus accommodante ce jour-là.

Certains d'entre eux ont déjà montré leur intention de faire aboutir leurs idées lors de la prochaine session du Comité devant avoir lieu les 20 et 21 septembre (la réunion a été prolongée d'une journée pour permettre de plus amples discussions).

Affirmant que «la plupart des mesures de politique économique pour soutenir la croissance à long terme sont d'un ressort extérieur à celui de la banque centrale», le président de la Fed, Ben Bernanke, a appelé fin août les élus à compléter l'action de la Réserve fédérale par des mesures de relance budgétaire.

Les mauvais chiffres de l'emploi publiés vendredi (officiellement aucune embauche nette en août aux États-Unis) ont relancé les spéculations sur le fait que la Fed pourrait assouplir encore un peu plus sa politique monétaire pour soutenir la reprise de l'économie américaine, qui se poursuit, mais à un rythme très lent.