Le président de Standard and Poor's, Deven Sharma, va quitter l'entreprise et sera remplacé par un dirigeant de la banque Citigroup, a annoncé lundi McGraw-Hill, la maison mère de l'agence de notation, qui a provoqué un séisme sur les marchés en dégradant les États-Unis.

Directeur d'exploitation de Citibank, l'entité qui chapeaute les activités bancaires de l'établissement américain Citigroup, Douglas Peterson, 53 ans, prendra les rênes de Standard & Poor's le 12 septembre, selon un communiqué.

M. Sharma, 55 ans, travaillera à la refonte stratégique du groupe McGraw-Hill jusqu'à la fin de l'année, puis quittera l'entreprise.

Il était à son poste depuis 2007, selon le site internet de l'agence de notation. Il avait rejoint le groupe McGraw-Hill en 2002, après 14 ans au sein du groupe de conseil en technologies et gestion Booz Allen Hamilton.

«Comme nous l'avons annoncé à la fin de l'année dernière, Standard & Poor's a été scindé en deux organisations distinctes: S&P, qui regroupe nos services de notation de crédit et McGraw-Hill Financial», qui comporte les activités d'analyse, de données financières et les indices boursiers, a expliqué Harol McGraw, le PDG du groupe qui porte son nom.

«Deven nous a aidé à créé ces deux segments à forte croissance et était alors prêt pour de nouveaux défis. Nous avons donc commencé à chercher un nouveau dirigeant pour S&P», a-t-il ajouté.

Selon le Financial Times, qui avait révélé l'information peu avant son officialisation, la décision, en discussions depuis plusieurs mois, n'est pas liée à la note de solvabilité de Washington.

Standard & Poor's a annoncé le 5 août qu'elle abaissait la note des États-Unis, lui retirant le «AAA», la meilleure possible. Cette décision, qui a provoqué un coup de tonnerre sur les marchés financiers, a été vivement critiquée par le gouvernement américain.

Les agences concurrentes, Fitch et Moody's, ont, elles, maintenu la note «AAA» des États-Unis.

S&P n'a pas mentionné la controverse, se contentant d'indiquer qu'elle allait «continuer de produire des notations qui sont comparables, tournées vers l'avenir et transparentes».

Elle a souligné les 25 ans d'expérience de M. Peterson dans «les services financiers, la gestion du risque et les marchés de capitaux».

Il a «mis sur pied des activités sur de multiples marchés, y compris le Japon, l'Amérique latin et les États-Unis», a indiqué S&P.

M. Peterson a notamment dirigé les activités de Citigroup au Japon de 2004 à 2010.

Il va prendre la tête de Standard & Poor's à un moment où les agences de notation, quasi inconnues du grand public avant la crise financière de 2008, font régulièrement la Une de l'actualité.

Outre la controverse sur la note des États-Unis, il leur a été reproché d'avoir fermé les yeux pendant les années précédant la crise de 2008 sur les titres financiers toxiques dans le bilan des banques ou encore d'avoir jeté de l'huile sur le feu en sanctionnant les pays en difficulté de la zone euro, comme la Grèce ou le Portugal.