La menace de l'inflation se renforce aux États-Unis, où l'enlisement apparent de la croissance provoquait jeudi un nouvel affolement des marchés susceptible d'exacerber les difficultés de l'économie.

Le département du Travail a indiqué que les prix à la consommation avaient bondi de 0,5% sur un mois en juillet. Sur un an, l'inflation est restée pour le troisième mois d'affilée à 3,6%, son niveau le plus élevé depuis octobre 2008.

La hausse des prix facturés aux consommateurs a été tirée par un net renchérissement des produits énergétiques, en particulier de l'essence, mais a touché presque tous les biens et services.

«Les pressions inflationnistes restent obstinément fortes», estime Harm Bandholz, économiste d'Unicredit, mais nombre de ses confrères estiment qu'elles devraient s'apaiser dans les mois à venir.

Plus grande est leur inquiétude de voir la hausse des prix actuelle peser sur des dépenses de consommation des ménages déjà faibles alors qu'elles sont le moteur normal de la croissance du pays.

La banque centrale américaine (Fed) a redit le 9 août qu'elle prévoyait toujours un retour progressif de la hausse des prix légèrement au-dessous de 2,0% sur un an, le niveau qu'elle juge souhaitable.

On en est encore loin vu que la seule inflation de base (hors alimentation et énergie) atteint désormais 1,8% sur un an, son niveau le plus élevé depuis décembre 2009, mais Jeffrey Rosen, économiste du cabinet Briefing, estime «qu'il n'y a pas de danger de voir la situation tourner à la stagflation».

Les autres indicateurs économiques publiés jeudi ont continué d'entretenir le doute sur l'état de l'économie américaine.

L'indice de la Fed de Philadelphie mesurant l'activité manufacturière dans la région de cette ville du Nord-Est des États-Unis est tombé à son niveau le plus bas depuis mars 2009, quand l'économie américaine était encore en récession.

Les ventes de logements anciens sont apparues en baisse de 3,5% en juillet confirmant que l'immobilier, à l'origine de la crise, est loin d'être sorti du marasme.

Après la publication de ces deux indices, la Bourse de Wall Street a accéléré sa chute.

Pourtant, l'indice composite du Conference Board, publié au même moment, a vu sa hausse s'accélérer bien plus que prévu, à 0,5%. Pour cet institut de conjoncture privé, cela présage «toujours d'une progression lente de l'activité économique jusqu'à la fin de l'année».

Et, selon le département du Travail, la tendance de baisse des nouvelles inscriptions au chômage continue: en moyenne mobile sur quatre semaines, elles sont au plus bas depuis la mi-avril.

Si la banque Morgan Stanley perçoit désormais les États-Unis et l'Europe comme «dangereusement proches de la récession», Macroeconomic Advisors a annoncé jeudi avoir revu à la baisse sa prévision de croissance pour l'économie américaine, mais tabler toujours sur une hausse du PIB de 2,0% au troisième trimestre.

Les autorités américaines s'inquiètent que la peur l'emporte chez les investisseurs et que les marchés continuent de chuter, ce qui pourrait créer un cercle vicieux et rattraper l'économie réelle.

«Je ne pense pas que le danger d'une autre récession nous guette», a cherché à rassurer le président Barack Obama, dans un entretien diffusé mercredi sur CBS.

Selon un journaliste de la chaîne de télévision CNBC, Laurence Meyer, ancien gouverneur à la Fed a eu cette formule résumant la situation: «Le scénario optimiste est très mauvais; le scénario pessimiste est catastrophique.»