Deux mois de baisse des exportations des États-Unis font craindre le pire pour la première économie mondiale, qui perd maintenant le soutien de la demande étrangère après avoir souffert de la déprime de ses consommateurs.

Ses exportations ont chuté de 2,3% en juin, ce qui n'était pas arrivé depuis la récession de 2008-2009. Elles avaient déjà reculé de 0,5% en mai.

Ce creux a fait bondir le déficit commercial du pays, en mai comme en juin, au-dessus des 50 milliards de dollars, pour la première fois depuis l'automne 2008.

«Une hausse du déficit commercial n'est pas la recette de la création d'emplois en Amérique. Le déficit commercial de juin a dépassé presque toutes les estimations et est une nouvelle preuve que notre économie est à la traîne», déplorait l'Alliance pour la manufacture américaine (AAM), un lobby regroupant industriels et syndicats de l'industrie.

Les secteurs les plus touchés ont été les biens d'équipement (informatique et machines industrielles en premier lieu), les fournitures pour l'industrie (plastique, coton, produits pétroliers raffinés, produits chimiques, etc.) et l'agriculture.

Les économistes s'inquiétaient des implications pour la croissance. En début d'année, la vigueur des économies émergentes avait continué à soutenir la performance des exportateurs, havre de prospérité dans une conjoncture hésitante.

Ce n'est plus le cas: «le bond des exportations en hiver et jusqu'au printemps semble terminé», constatait Ian Shepherdson, de High Frequency Economics.

Les entreprises exportatrices avaient pu gonfler leur chiffre d'affaires par les prix. Ceux-ci avaient décollé de 5% sur les quatre premiers mois de 2011, selon des statistiques gouvernementales. Mais ils se sont nettement modérés en mai (+0,2%) et juin (+0,1%).

Les analystes de RDQ Economics tablaient sur une révision à la baisse de 0,4 point de la croissance du deuxième trimestre. Or celle-ci n'est pour le moment estimée qu'à 1,3% en rythme annuel, après 0,4% au premier trimestre. La banque britannique Barclays a abaissé son estimation à 0,6% pour le deuxième, à la suite de ces chiffres du commerce extérieur.

«Nous sommes à un moment délicat pour l'économie mondiale», a affirmé la secrétaire au Commerce par intérim, Rebecca Blank.

Les indicateurs avancés de l'activité que sont les sondages auprès des directeurs d'achat ou industriels n'ont cessé de décevoir depuis mai en Europe et en Chine, tandis qu'au Japon les suites du séisme du 11 mars pesaient lourdement sur le moral des entrepreneurs.

Dans ce contexte, les États-Unis restent aidés par la faiblesse de leur monnaie. Le cours du dollar, mesuré vis-à-vis des monnaies des grands partenaires commerciaux du pays, a nettement reculé au premier trimestre, puis s'est légèrement érodé au deuxième.

«L'affaiblissement de notre monnaie devrait élever les exportations et exercer une pression à la baisse sur les importations au fil du temps», expliquait Aaron Smith, de Moody's Analytics.

«Mais même si une amélioration de la balance commerciale devrait aider à maintenir la reprise sur le bon chemin, le coup de pouce à court terme a des chances d'être plutôt réduit à cause de l'affaiblissement de l'économie mondiale», a-t-il ajouté.

Un autre indicateur publié jeudi, les inscriptions au chômage, qui ont poursuivi leur baisse début août, a montré que le ralentissement de l'activité n'avait pas incité les employeurs à diminuer leurs effectifs pour le moment.