L'assureur américain AIG poursuit Bank of America (BofA) pour tenter de recouvrer plus de 10 milliards de dollars de pertes liées à des titres adossés à des prêts hypothécaires que la banque et ses filiales ont vendus.

AIG, parlant de «fraude massive», reproche à Bank of America et ses filiales Merril Lynch et Countrywide de l'avoir «incité à investir dans près de 350 titres adossés à des prêts hypothécaires pour plus de 28 milliards de dollars» entre 2005 et 2007, indique la plainte consultée par l'AFP.

Or ces produits contenaient «des prêts déficients» et la banque n'a pas été honnête quant à ses critères et sur l'évaluation des crédits, ajoute le texte.

Le titre de la banque perdait 15,79% à 6,88 dollars vers 12H30 à la Bourse de New York. Celui d'AIG lâchait 8,09% à 23,07 dollars.

Bank of America «rejette ces affirmations et allégations», a affirmé Lawrence Grayson, un porte-parole de l'établissement dans un courriel à l'AFP.

«AIG a couru de façon imprudente après les rendements élevés et les profits sur les marchés des prêts hypothécaires», a ajouté M. Grayson. «C'est la définition même d'un investisseur informé et expérimenté, dont les pertes sont uniquement imputables à ses propres excès et erreurs».

Mais pour le porte-parole d'AIG, Mark Herr, «la fraude de Bank of America a causé des milliards de dollars de dommages à AIG et nous portons plainte aujourd'hui pour protéger AIG».

«Ce n'est pas le premier procès qu'AIG intente à des tierces parties qui ont cherché à faire des profits à nos dépens et nous prévoyons que ce ne sera pas le dernier», a ajouté le représentant de l'assureur.

Selon AIG, le montant de la plainte déposée lundi est «sans précédent» pour une affaire liée à des titres adossés à des prêts hypothécaires.

Et les faits présentés pour étayer sa plainte ne sont «que la partie émergée de l'iceberg», a noté Mark Herr.

L'assureur a parallèlement annoncé lundi qu'il allait contester l'accord de 8,5 milliards de dollars proposé fin juin par Bank of America pour solder d'autres poursuites liées à sa filiale Countrywide.

AIG estime qu'il existe «de sérieux doutes» sur le fait que cet accord soit «raisonnable». Il reproche notamment à la banque de n'avoir négocié, par l'intermédiaire de Bank of New York Mellon, qu'avec un nombre restreint d'investisseurs.

Bank of America tente depuis plusieurs mois de régler les litiges hérités de Countrywide. Outre l'accord de 8,5 milliards de dollars proposé en juin, elle a accepté en janvier de verser 2,6 milliards de dollars aux organismes semi-publics de refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae.

Quinze fonds d'investissement ont aussi porté plainte contre la banque jeudi devant un tribunal californien, accusant là aussi Countrywide d'avoir été malhonnête sur ses pratiques afin d'écouler ses titres adossés à des prêts hypothécaires.